jeudi 3 juillet 2008

Colombie: petit état des lieux



Les FARC sont loin d'être des enfants de coeur, et loin de moi l'idée d'en faire l'apologie ceci dit, avant d'avancer des termes par trop réducteurs "( des assassins, des terroristes, des voyous.. )", il conviendrait de préciser que la situation en Colombie est beaucoup plus complexe que cela, et ce, depuis le début du XXème siècle.
Comme dans d'autres Etats-militaires en Amérique Latine, l'armée colombienne est née sous l'égide des différents partis conservateurs des trente premières années du siècle dernier.
C'est depuis 1948, lors du coup d'Etat que l'on appelle le "Bogotazo" et l'assassinat du libéral populiste Gaitán, que l'armée régulière a pu participer directement au pouvoir étatique et gouvernemental, provoquant une répression sans précedent.

Uribe représente le pendant contemporain, autoritaire et démocratique du dictateur militaire Augusto Pinochet qui a dirigé le Chili durant la guerre froide. Tout au long des années 70 et 80, une part significative de la population chilienne a soutenu les politiques autoritaires de Pinochet qui ont accordé la priorité à la sécurité et à la croissance économique au détriment de la défense des droits de l’Homme. Alors que Pinochet excellait dans l’art de faire « disparaître » ses opposants, le nombre de Colombiens « disparus » durant le premier mandat d’Uribe (2002-2006) excède le nombre total de Chiliens disparus durant les dix-sept ans de dictature militaire... à cela il faut rajouter les 3 millions de personnes "déplacées"!

En outre, le terrorisme d'Etat en Colombie ressemble à s'y méprendre à celui de Pinochet, il a été largement documenté par Amnesty, Human Rights Watch et de nombreux autres groupes: Dans une étude de 31.656 cas d’assassinats et disparitions entre 1996 et 2006, la Commission Colombienne de Juristes a découvert que 46 pour cent des meurtres avaient été commis par les escadrons de la mort et autres AUC et 14 pour cent par les FARC. Les paramilitaires étaient responsables de plus de 3 millions de personnes déplacées dans le pays. Cette misère est le résultat de la soi-disant « guerre contre la drogue » du Plan Colombie, dont le véritable objectif est l’élimination des FARC, étrangement semblable au fameux plan Condor de Pinochet des Etats-Unis.

A ceux qui rétorqueraient que Uribe a été réelu en 2006 par plus de 60% des colombiens...
-En Colombie, le taux de participation dépasse très rarement 45%, cela est loin de représenter l'ensemble du peuple colombien, et ça, sans compter les pressions des para-militaires régularisés par la para-politique d'Uribe!

A ceux qui avanceraient que le coup d'Etat et le régime dictatorial de Pinochet ne peut être comparer au régime démocratique de Uribe...

N'oublions pas qu'en 1980, Pinochet est devenu président de la république dans le cadre d'un régime constitutionnel!


Enfin a tous ces gens qui ont tôt fait d'adopter les offuscations et les scandales de la déesse aux cent bouches muselées...

Je demanderais:
-Avons-nous entendu des gens s'offusquer de la réforme constitutionnelle sur le renouvellement du mandat présidentiel par Uribe?
-Disposons-nous d'autres informations que celles transmises par le gouvernement colombien sur les circonstances de la libération?
- savez-vous qu'une rencontre était prévue entre R.Reyes et un représentant de l'ONU?
-Comment les fameux ordinateurs remis par le gouvernement colombien à interpol aurait-ils pu résister au bombardement qui a tué Reyes?


M. Uribe devait de toute urgence dévier l’attention internationale du scandale de la « parapolitique » dans lequel il est chaque jour davantage empêtré. Ce scandale met en cause depuis 2007 les criminelles alliances de la classe politique avec la mafia des narco-paramilitaires, qui bénéficient d’un processus de démobilisation déjà très controversé (amnistie pour leurs atrocités au nom d'une politique mafieuse ironiquement appellé "justicia y paz") et critiqué par les organismes de défense des droits humains.

Ce que l'on nous présente aujourd'hui comme une victoire de la démocratie est une victoire de la liberté, certe, mais il ne faut pas oublier la manipulation politique qui apparaît en filigrane. En mai dernier a eu lieu un nettoyage de printemps: l’extradition des quinze chefs « paras » les plus importants aux Etats-Unis et ceux-là se sont mis a parlé des liens étroits qui unissent le gouvernement Uribe et les narco-trafiquants, de même les exactions les plus meurtrières sont celles des Para-militaires qui ne laissent comme choix aux paysans colombiens (vous savez, ceux que l'on entend jamais ou que l'on entendra plus!) qu'entre l'expropriation et la mort...

Alors pensons à ceux qui sont encore dans la jungle mais n'oublions pas les milliers de prisonniers politiques (syndicalistes, intelectuels...), de fait Uribe a toujours considéré que l'une des méthodes de recrutement de l'ELN était les branches syndicales et étudiantes et cela lui suffit pour expliquer les assassinats de quelques uns parmi les 470 "disparitions" depuis 2002, ceux-là même qui croupissent dans les geôles d'un régime dangereusement proche de celui de Pinochet, utilisant d'autres armes tout aussi efficaces et qui aujourd'hui est applaudi par l'opinion internationale!!!

Laissons la parole aux paysans colombiens qui parlent d'une autre forme de terrorisme:

ps: Un saludo a las luchas del pueblo Mapuche

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ceci se passe de commentaire?

Anonyme a dit…

Oui, je m'étonne toujours de ce phénomène de mutisme, je ne dis pas que l'on doit avoir une idée sur tout, je suis le premier à m'accorder cette liberté menfin...