Le 23 mai 2008, 12 pays d'Amérique du sud1 concrétisèrent à Brasilia (Brésil) la volonté exprimée en décembre 2004 à Cuzco (Pérou) de « construire une communauté sud-américaine des nations ». Ce projet, connu sous le nom de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), promettait d'être aussi lente qu' ambitieuse. Cependant son premier sommet s'est réuni de toute urgence le 15 septembre 2008 en réaction aux événements tragiques de ce que la presse nationale appelle déjà le « massacre de Pando »
les 12 pays fondateurs de l'Unasur avaient pour ambition de construire une identité et une citoyenneté sud-américaine et de développer un espace régional intégré dans les domaines politiques, économique, sociale, culturel, de l'environnement et des infrastructures. Nul doute que la mise en place de cet accord multilatérale
recouvrant une superficie de 17,6 millions de Km² et comptant sur une population de plus de 380 millions d'habitants serait difficile tant en raison de l'envergure géographique et démographique2 que de la diversité des horizons politiques.
La première difficulté de l'Unasur réside dans le fait que les Etats signataires proposent des modèles de sociétes non pas seulement différents mais antagonistes ,des tenants de l'économie de marché aux défendeurs de l'alternative bolivarienne et de la révolution démocratique.
La présidence rotative de L'unasur ayant été confiée d'abord à Michelle bachelet, présidente sociale-démocrate du Chili, la déclaration de la Moneda3, issue du premier sommet extraordinaire de l'Unasur réuni le 16 septembre 2008, condamnait le massacre de 20 paysans survenus à Pando (Sud-Ouest de la Bolivie) 5 jours plus tôt.
Dans le même temps, l'Unasur ne désignait aucun coupable malgré les accusations portées par le Président bolivien Evo Morales sur le gouverneur du département de Pando, elle appelait à un retour au calme et à la mise en place d'une table des négociations:
«on appelle au dialogue pour établir les conditions qui permettent de sortir de la situation actuelle et pour rechercher ensemble une solution durable dans le cadre du respect de l'Etat de Droit et selon le cadre légal en vigueur. »4
Le département du Pando fait partie de la région appelée « demi-lune », frontalier du Brésil, il est l'un des fiefs de l'opposition au gouvernement bolivien, ce poumon économique de par la richesse de ses sols est devenu une véritable poudrière depuis le référendum d'auto-détermination de mai 2008 voté par l'oligarchie locale et déclarée illégale par Miguel Insulza, président de l'Organisation des Etats Américains (OEA).
Ces exactions ont conduit le procureur général de la Bolivie, Mario Uribe, à établir un mandat d'arrêt contre le préfet Leopoldo Fernandez, jugé responsable de la répression de ces manifestants pro-gouvernementaux.
Cristian Dominguez, une des victimes, témoigne:
« Nous avons accompagné nos camarades pour manifester de Las Piedras à Puerto Rico. Ils disent que nous étions armés mais aucun n'avait ne serait-ce qu'une serpette, nous n'avons tué personne, nous n'avons fait que tenter de nous défendre ou de fuir»5.
Selon le rapport de l'Asemblée Permanente des Droits Humains de Bolivie, pris au piège dans la ville de Porvenir par des camions remplis d'hommes armés, 21 paysans ont tenté de s'enfuir, tantôt en se réfugiant dans la montagne tantôt en se jetant dans le fleuve Tahuamanu, mais ils ont été arrêtés par les balles.
La réunion exceptionnelle de l'Unasur avait décidé d'une commission d'enquête sur ce massacre pour en désigner les responsables, celle-ci a rendu un rapport sur ce que Rodolfo Matarrollo (coordinateur de la mission) considère comme un « crime de lèse-humanité » dans lequel la responsabilité du préfet de Pando est confirmée, il demeure donc incarcéré dans une prison de la Paz. En revanche, rien a pu être établie quant à la mort de deux partisans de L. Fernandez la commission demande au gouvernement bolivien d'enquêter à ce sujet.
Mais, le sénateur Roberto Yáñez, du Parti Démocratique et Social (Podemos) se scandalise et récuse ce rapport:.
« Il s'agit d'un rapport partial, de personnes payées par le président vénézuélien, Hugo Chávez,qui vise à jeter davantage le pays dans la confusion. » a-t-il soutenu le mercredi 03 décembre dans le journal Los tiempos.
Tandis que L.Fernández, à court d'argument, parle d'un affrontement entre deux bandes rivales, le rapport établit que « Les paysans se rendaient à une Assemblée pour la revendication de leurs terres[...] leurs agresseurs ont agi de façon organisée et obéissait à des ordres précis, ils eurent l'appui de fonctionnaires et de moyens fournis par le gouvernement départemental au service d'une entreprise criminelle. », le rapport de l'Unasur confirme donc celui de L'APDHB.
Dans le cas où la présence des paramilitaires dans la région ne serait pas étrangère à ces événements, le rapport invite le gouvernement bolivien à« désarticuler toute organisation privée ou publique qui ait pour objectif la réalisation d'actes criminels » autrement dit, L' Unasur conseille au gouvernement de désarmer les armées irrégulières.ainsi que d'ouvrir une enquête sur « les exécutions sommaires de femmes et d'enfants », « les enterrements clandestins » qui furent dénoncés par de nombreux habitants de Pando.
L'opposition semble faire feu de tout bois pour détourner l'attention des accusations qui portent sur ses représentants, elle attend ou provoque la moindre occasion de déstabiliser le pouvoir légitime en place. Ainsi, lorsque le Général López, l'ex-président de la douane nationale, accuse le préfet intérimaire de Pando, Rafael Bandeiras Arce et le ministre de la présidence, Juan Ramón Quintana d'être impliqués dans des affaires de contrebandes ( notamment dans le passage illégale de 33 camions en juillet 2007.6.), cette accusation semble venir à point nommé.
Cependant si cette accusation servait une stratégie politico-médiatique, il s'agirait d'un joli faux pas de la part de l'opposition. En agitant ainsi de façon désespérée l'épouvantail d'un pouvoir corrompu, elle ne servirait que son discrédit face à l'opinion publique internationale dans le sens où il n'est ici, en aucune façon, question de vies humaines.
En tout état de cause, ces événements ont permis à l'Unasur de faire montre de sa capacité à dépasser les divergences politiques des pays signataire, du conservatisme du président colombien Alvaro uribe au bolivarisme du président vénézuelien Hugo Chávez, le présiden brésilien Lula da Silva a servi de modérateur et le soutien au gouvernement légitime bolivien a été unanime. Un de ses objectifs semble avoir été atteint, car en se passant de l'arbitrage de l'OEA et de l'ingérence de Washington qui a prévalu jusqu'alors, l'Unasur ouvre la voie à la construction d'un monde multipolaire et permet, sinon l'intégration, au moins l'union latino-américaine au sens où l'entendait le « libérateur » Simon Bolivar.
La volonté d''indépendance retrouve vraisemblablement, presque deux siècles plus tard, un souffle nouveau. La nouvelle Constitution Politique de l'Etat (CPE) constitue le fer de lance de la politique d'Evo Morales et le point de mire des partis d'opposition. Il apparaît, aux yeux de nombreux boliviens, comme une voie fiable pour sortir de la « néo-dépendance » face à l'oligarchie et aux transnationales. Reste à savoir si les 9 à 10 millions de boliviens qui iront voter, le 25 janvier 2009, lors du référendum constitutionnel, confirmeront ou pas leur soutien à la politique engagée dans leur pays. L'opposition tente d'en retarder l'échéance par tous les moyens, y compris les plus condamnables, mais sans doute est-ce sans compter sur le rôle majeur que l'Unasur joue, aujourd'hui, dans l'arbitrage des conflits internes, devenant l'un des piliers d'une nouvelle unité latino-américaine.
Notes:
1/ Brésil,Venezuela,Colombie, Equateur, Pérou, Bolivie, Paraguay, Uruguay,Argentine, Chili, Guyana, Surinam.
2/ Palais de la Moneda: lieu symbolique en commémoration des événements tragiques survenus 35 ans plus tôt lors du coup d'état de A.Pinochet.
3/ Déclaration de la Moneda, Santiago (chili),15 septembre 2008.
4/ Propos reccueillis par l'Assemblée Permanente des Droits Humains de Bolivie (APDHB) le 15 septembre 2008.
5/ La Razón, Vendredi 05 décembre 2007
une lutte sans merci, sans prétention aucune, contre toute forme de mise au pas, pour l'accomplissement de l'individu dans toute sa puissance et son humilité
mardi 30 décembre 2008
lundi 1 décembre 2008
Mexique: Une même lutte pour le droit à l'éducation par delà l'océan
L'accès à l'éducation est un droit à à défendre à tout prix, partent de ce postulat tous ceux qui voient clair dans les assauts permanents des politiques néo-libérales, tous ceux qui se battent contre une marchandisation des savoirs et contre un nivellement par le bas du niveau des élèves.
L'Ecole ne peut ni ne doit participer de ces grandes pelletées dans le fossé entre riches et pauvres. Il semble que non seulement cette idée soit la clé de voûte des mouvements prenant de l'ampleur en Italie, en France, mais qu'en plus elle soit largement partagée à "l'autre bout du monde"... au Mexique.
En mai 2008, le gouvernement du président mexicain Felipe Calderón (considéré par de nombreux mexicains comme illégitime depuis une victoire du Parti d'Action Nationale très contestée) lançait un grand plan de réforme du système éducatif mexicain dont on imagine bien la teneur. l'Alliance pour la Qualité de l'Education (ACE) résulte d'un accord passé entre le gouvernement et celle qui lui sert de fusible depuis la naissance du mouvement, Elba Esteger Gordillo, patronne du syndicat des enseignants que certains surnomment “la Maestra”. Elle apparaît depuis trois mois, aux yeux des acteurs directs et indirects du système éducatif, comme l'incarnation de la trahison de la base du SNTE ( Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educacion) et par extension du peuple mexicain.
Un plan d'action nationale contre la ACE a été mis en place mis en place dans 18 États du Mexique rassemblant enseignants, parents d'élèves et étudiants qui, conscients des défaillances du système, ne sont pour autant pas dupes de ce que le gouvernement propose en échange.
Au delà de l'objectif officiel de l'ACE, qui est d'en finir avec le caractère "héréditaire" du recrutement des enseignants, d'opter pour la toute nouvelle sacro-sainte « transparence » se cache en filigrane la privatisation du système éducatif et l'augmentation des inégalités.
Les opposants à cette réforme ont à se battre contre tout un appareil gouvernemental armé d'un pseudo-dialogue social avec la dirigeante de la SNTE, de policiers anti-émeutes et même de tanks de l'armée envoyés, par exemple, à Cuernavaca il y a quelques semaines de cela. Les enseignants se voient poursuivis, selon l'article 145 du Code Pénal fédéral, du délit de "disolución social", cet article permet d'envoyer l'armée et de museler toute contestation sociale par la force, il a notamment fait beaucoup parlé de lui lors des "guerres sales" livrées sous la présidences de Gustavo Diaz Ortaz (1964-1970) et de Luis Echeverria (1970-1976), L'article 145 est aujourd'hui remis au goût du jour par Felipe Calderón.
Le 10 novembre dernier, dans l'Etat de Guerrero, près de 25000 enseignants ont investi les rues et bloqué les voies d'accès à la ville de Chipalcingo au sud de Mexico, une contestation massive qui prit naissance dans l'Etat de Morelos dès la rentrée 2008:
L'avocat de l'Assemblée des représentants des enseignants, Jorge Viveros, déclarait le 24 octobre 2008 lors d'une table ronde présidée par le philosophe Orozco Garibay:
« Le gouvernement du Président Calderon prétend imposer un modèle selon lequel l'enseignant serait rétribué à hauteur de 60% de son salaire en fonction de la réussite des élèves aux examens. Il s'agit d'évaluations standardisées qui ne tiennent compte ni de la situation multiculturelle des différentes régions du Mexique, de la problématique sociale des élèves, ni de l'avis du professeur. Il y a tout simplement du mépris pour le droit salarial et celui des travailleurs. »
De même, il dénonce la précarisation de l'enseignement, en effet dans l'état de Morelos comme dans l'ensemble du pays, il existe des enseignants qui malgré 15 années d'ancienneté ne disposent pas d'un contrat solide et peuvent être licenciés sans aucune indemnité. l'ex secrétaire à l'Education Publique, Lorenzo Gómez Morín, a calculé que la moitié des postes attribués dans le cadre de l'Alliance ne l'ont pas été par voie de concours.
María de la Luz Arriaga, spécialiste de la politique éducative et enseignante, constate dans le journal El Proceso une détérioration toujours plus grande de la qualité de l'enseignement , encore accentuée par la ACE:
"L'Alliance prétend en finir avec la formation de la pensée critique, évincer toute velléité de réflexion. On cherche à contrôler et à créer des personnes dociles au service des entreprises transnationales. L'éducation ne consiste pas seulement à mémoriser mais aussi et surtout à acquérir une capacité à la vie-même."
La seule réponse du gouvernement au mouvement, c'est la répression armée, des incarcérations arbitraires, de nombreux citoyens (enseignants mais aussi parents d'élèves et étudiants) ont été blessées lors des rassemblements et actions qui ont eu lieu dans plusieurs régions (Morelos, Quintana Roo, Guerrero, Veracruz, Puebla, Hidalgo, Coahuila et Basse Californie) dans l'indifférence éhontée des médias européens. Ces événements ravivent le goût amer de la sanglante répression contre les étudiants sur la Place de Tlatelolco en 1968, merveilleusement racontée par Paco Ignacio Taibo II dans son livre 68.
Si, selon l'adage, comparaison n'est pas raison, il n'en est pas moins vrai qu'il faudrait considérer la diminution du nombre de postes dans l'Education Nationale, la fin des concours nationaux et la privatisation du système éducatif comme autant d'éléments symptomatiques d'une crise de la démocratie, en Europe, au Mexique, comme en n'importe quelle autre région du monde. En effet, les politiques néo-libérales, se fondant en partie sur la diminution des dépenses sociales, ébranlent les démocraties dans leurs fondements même. Elles arrachent à l'école toute valeur républicaine, elles tendent à rendre impossible la formation de l'esprit critique des élèves et partant, de leur force citoyenne.
Il est difficilement contestable que l'Alliance s'inscrit en droite ligne du socle commun votée par l'OCDE, lorsque l'on sait que l'ACE reçut, en mai dernier, le soutien du secrétaire général de l'OCDE, José Angel Gurría, l'ACE fut également soutenue par Robert Zoellick, l'actuel directeur de la Banque Mondiale. Le sarcasme de ceux qui, faute d'arguments, parleront de « conspirationnisme, » sera mouché par l'évident constat d'une politique globale.
Si nous nous tenons pour dit que le hasard fait bien les choses, on peut douter du caractère fortuit de cette casse globalisée, de cette mise à bas d'un système éducatif, certes discutable et qu'il convient de réformer, mais que sous-couvert de réforme on dépouille, ici comme ailleurs, de ses effets les plus égalitaires. Combien d'hommes et de femmes devront encore lutter pour que leurs enfants ne deviennent pas de la "chaire à finance", avant que les autres ne sortent enfin de leur aveuglement ou de leur résignation?
Sources
http://blogotitlan.com
www.proceso.com.mx/ - 12k -Ezequiel Flores Contreras, Article publié dans El Proceso, 11 novembre 2008.
Manuel Fuentes Muñez,Article publié dans El Proceso, 04 novembre 2008.
TAIBO II Paco Ignacio; 68, Paris, L'Echappée, 2008, 124 p.
vendredi 7 novembre 2008
Bolivie... Alea jacta est, vraiment?
Nous connaissons l'importance du CPE bolivien cette constitution qui rend au peuple sa souveraineté, qui reconnaît les peuples indiens, traduit une redistribution des richesses notamment par la nationalisation des hydrocarbures et de l'eau...
La base du projet du nouveau texte constitutionnel stipule dans son premier article que "La Bolivie se constitue en un Etat unitaire Social de Droit Plurinational Communautaire, indépendant, souverain, démocratique, inter-culturel, décentralisé et respectant les autonomies. La Bolivie se fonde sur la pluralité et le pluralisme politique, économique, juridique, culturel et linguistique, au sein d'un processus intégrateur du pays." le ton est donné, nul doute qu'en Bolivie la rupture a non seulement toute sa raison d'être mais va également dans le bon sens...
Malgré le succès incontestables mais évidemment contestés et minimisés par l'opposition: la "Renta Dignidad", une forme d'aide financière pour les plus de 60 ans (le régime de retraite étant auparavant financés par deux entreprises privées), l'allocation familiale, la redistribution des terres aux paysans mais aussi la banque de développement pour les petits entrepreneurs. Encore reste-t-il à rappeller les obstacles que cet élan démocratique va rencontrer sur son chemin.
Les changements que prévoit la nouvelle constitution de Morales (CPE)sont beaucoup trop importants pour ne pas susciter des tensions, alors qu'elle a été votée en décembre 2007, après plus d'un an et demi de délibérations de l'Assemblée
Constituante, par 165 députés sur 255.
Tout portait à croire que le virage à gauche était enfin parvenue à une indéniable légitimité et les tenants du renouveau socialiste en Amérique Latine s'écriaient déjà Acta est fabula, cependant cette constitution fut considérée comme illégitime par l'extrême droite "golpiste" car elle a été transférée à Oruro, loin de la capitale, et pour cause, des membres du MAS avaient été lynchés par des étudiants fascistes.
En ce qui concerne la religion, il ne fait aucun doute que le CPE se pose comme la pierre de touche d'un Etat laïque et républicain, et symbolise, par la même, la mise à bas des héritages coloniaux.
Constitution de 1967:
Art.3 : "L'Etat reconnaît et soutient la religion catholique, apostolique et romane? Il garantie l'exercice publique de tout autre culte. Les relations avec l'Eglise Catholique seront régies par les concordats et accords entre l'Etat Bolivien et le Saint Siège."
Dans l'article 4 du CPE: "L'Etat respecte et garantie la liberté de religion et de croyances spirituelles, ainsi que la cosmovision indienne" et demeure en tout état de cause "indépendant de la religion".
Le bât blesse malgré tout car, sous la pression des gouvernements sociaux démocrates de l'UNASUR (Lula,Garcia...) et l'arbitrage éhonté de l'OEA, la tentative de coup d'Etat a réussi à embourber le processus de la révolution démocratique et à plonger la Bolivie dans un flou qui n'a rien d'artistique : la confusion politique. En effet, le début des négociations avec les préfets de la "demi-lune" signait la fin de le radicalisme du CPE initialement votée par la constituante, sauf si...
Les rectifications substantielles se sont portées sur ce qu'il y avait de plus gênant pour l'oligarchie capitaliste et l'extrême droite, notamment le fait que Morales ne pourra pas se représenter en 2014.
Mais parmi les 108 articles dont la droite réclamait la révision, il en est d'importance, celui-ci porte sur la réforme agraire (Art.398): celui-ci devait rendre aux indiens leur terre et limiter la superficie des propriétés afin d'en finir une fois pour toutes avec l'esclavage moderne qui sévissait jusqu'alors dans les "latifundios", mais l'opposition a réclamé que la limite ne soit fixée qu'à 10000 hectares, et elle a eu gain de cause... la superficie sera soumise à référendum et les boliviens auront à choisir entre une limite portée à 5000 ou 10000 hectares, sauf si...
Le vice-président, Garcia Linera ne formule aucune espèce d'intérêt pour le socialisme du XXIème siècle, et lui préfère de loin ce qu'il appelle le "capitalisme andin", c'est à dire que toujours selon ses mots « L’Etat sera le premier wagon de la locomotive de l’économie. Le second, ce seront les investissements privés boliviens ; le troisième, les investissements étrangers ; le quatrième, la micro entreprise ; le cinquième, l’économie paysanne et le sixième, l’économie indigène communautaire. Tel est l’ordre stratégique selon lequel l’économie du pays doit se structurer », soyons clair, nous sommes bien loin des "développementalistes" (desarollistas) des années 50', sauf si...!
Pour Lineras, il ne s'agit que d'une étape transitoire, adaptée à la réalité d'aujourd'hui, il souhaiterait faire voter une modernité économique en lien avec le marché global mais en reconnaissant les deux autres formes de modernité que sont les forces communautaires, artisanales, celles des petits producteurs ainsi qu'une autre manière de voir l'organisation du travail, autant d'alternatives longtemps ignorées autant que grippés par les mécanismes du capitalisme classique.
Il parle de développer le capitalisme, ce qui par les temps qui court relèverait de l'humour noir s'il ne précisait dans la foulée que ce capialisme andin et amazonien doit faire coexister un secteur moderne, globalisé, ouvert, avec le secteur familial afin d'asseoir durablement un marché interne, le problème étant que, selon ses dires, la Bolivie ne sortira pas du capitalisme avant 50 ou 60 ans, sauf si...
...Sauf si le socialisme du XXIème siècle et le capitalisme andin comprennent, dans leur processus même, une stratégie de désossement du néo-libéralisme, sauf si ces deux perspectives regardent ensemble à travers le prisme de l'Alternative bolivarienne.
Il reste à espérer que la stratégie politico-économique du MAS ne fasse pas la part belle à l'opposition de droite et d'extrême droite, qu'il avait pris toute la mesure de la capacité de l'opposition à resserrer les rangs et à semer la terreur parmi la classe paysanne et ouvrière, qu'il avait prévu que certains articles seraient soumis à négociations pour parvenir aux deux-tiers, qu'il avait, en fin politique, assimilé les leçons de l'histoire.
Il semble que les députés (de Pando, Tarija, Beni...) se réjouissent un peu trop vite, un peu trop fort, du résultat des négociations. Ne serait-ce pas pour semer, comme à leur habitude, la confusion parmi la gauche bolivienne et, faire croire, par ricochet, à la trahison du peuple par le MAS, espérant gagner sur les deux tableaux de l'économie et du politique?
si oui, il s'agit d'une grossière erreur de ce capitalisme dont l'amnésie est une des failles dans laquelle il faut s'engouffrer, en montrant les ressources inépuisables dont le peuple bolivien dispose et que l'opposition ne soupçonne pas, une force que le peuple bolivien tire de la mémoire des luttes passées, et de la prévisibilité des réactions de ses opposants !
Quelques articles d'importance:
Langues
La constitution reconnaît comme officielles les 36 langues des peuples indigènes, en plus du Castillan et établit que le Gouvernement central, tout comme les régions autonomes, devront faire usage d'au moins deux d'entre elles. Une seule condition requise, celle de manier une langue native pour accéder à une charge publique, cela fera partie dudit processus.
Symboles:
Inclue la Wiphala parmi les symboles nationaux et désigne la ville de Sucre comme capitale de la République.
Guerre:
Déclare la Bolivie comme Etat pacifiste qui rejette la guerre comme solution aux différends et conflits entre Etats et interdit l'installation de bases militaires étrangères sur le territoire national.
Droits:
Elargit l'éventail des droits fondamentaux et inclue des questions tel que le droit à la santé, au logement et "l'accès universel et égalitaire aux sercices de base d'eau potable, de tout à l'égout, d'eletricité, de gaz, de poste et de télécommunications". Elle précise que "l'accès à l'eau constitue un droit humain".
Grève:
Garantie le droit de grève " en tant qu'exercice de la capacité légale des travailleurs et travailleuses à cesser le travail pour la défense de leurs droits, en accord avec la loi".
Une chose est sûre, la lutte du peuple bolivien ne s'arrêtera pas au lendemain du referendum (25 janvier 2009) de la même façon que la révolution démocratique ne cesse pas au moment des élections car il s'agit bel et bien, dans un cas comme dans l'autre, d'un processus, d'un élan, d'un chemin que certains, dans le bourbier de leur médiocrité, tentent d'embroussaillertoujours un peu plus. Ce sabotage à grande échelle est allègrement relayé par ce que Michel Colon appelle "les médias-mensonges" qui nous informent sur leur crédibilité, davantage par ce qu'ils taisent que par ce qu'ils nous disent...
Sources
www.risal.collectifs.net , 12 juin 2006
La constitution bolivienne (lisible)
DIAL (Diffusion de l'Information sur l'Amérique Latine)
La Nación
La base du projet du nouveau texte constitutionnel stipule dans son premier article que "La Bolivie se constitue en un Etat unitaire Social de Droit Plurinational Communautaire, indépendant, souverain, démocratique, inter-culturel, décentralisé et respectant les autonomies. La Bolivie se fonde sur la pluralité et le pluralisme politique, économique, juridique, culturel et linguistique, au sein d'un processus intégrateur du pays." le ton est donné, nul doute qu'en Bolivie la rupture a non seulement toute sa raison d'être mais va également dans le bon sens...
Malgré le succès incontestables mais évidemment contestés et minimisés par l'opposition: la "Renta Dignidad", une forme d'aide financière pour les plus de 60 ans (le régime de retraite étant auparavant financés par deux entreprises privées), l'allocation familiale, la redistribution des terres aux paysans mais aussi la banque de développement pour les petits entrepreneurs. Encore reste-t-il à rappeller les obstacles que cet élan démocratique va rencontrer sur son chemin.
Les changements que prévoit la nouvelle constitution de Morales (CPE)sont beaucoup trop importants pour ne pas susciter des tensions, alors qu'elle a été votée en décembre 2007, après plus d'un an et demi de délibérations de l'Assemblée
Constituante, par 165 députés sur 255.
Tout portait à croire que le virage à gauche était enfin parvenue à une indéniable légitimité et les tenants du renouveau socialiste en Amérique Latine s'écriaient déjà Acta est fabula, cependant cette constitution fut considérée comme illégitime par l'extrême droite "golpiste" car elle a été transférée à Oruro, loin de la capitale, et pour cause, des membres du MAS avaient été lynchés par des étudiants fascistes.
En ce qui concerne la religion, il ne fait aucun doute que le CPE se pose comme la pierre de touche d'un Etat laïque et républicain, et symbolise, par la même, la mise à bas des héritages coloniaux.
Constitution de 1967:
Art.3 : "L'Etat reconnaît et soutient la religion catholique, apostolique et romane? Il garantie l'exercice publique de tout autre culte. Les relations avec l'Eglise Catholique seront régies par les concordats et accords entre l'Etat Bolivien et le Saint Siège."
Dans l'article 4 du CPE: "L'Etat respecte et garantie la liberté de religion et de croyances spirituelles, ainsi que la cosmovision indienne" et demeure en tout état de cause "indépendant de la religion".
Le bât blesse malgré tout car, sous la pression des gouvernements sociaux démocrates de l'UNASUR (Lula,Garcia...) et l'arbitrage éhonté de l'OEA, la tentative de coup d'Etat a réussi à embourber le processus de la révolution démocratique et à plonger la Bolivie dans un flou qui n'a rien d'artistique : la confusion politique. En effet, le début des négociations avec les préfets de la "demi-lune" signait la fin de le radicalisme du CPE initialement votée par la constituante, sauf si...
Les rectifications substantielles se sont portées sur ce qu'il y avait de plus gênant pour l'oligarchie capitaliste et l'extrême droite, notamment le fait que Morales ne pourra pas se représenter en 2014.
Mais parmi les 108 articles dont la droite réclamait la révision, il en est d'importance, celui-ci porte sur la réforme agraire (Art.398): celui-ci devait rendre aux indiens leur terre et limiter la superficie des propriétés afin d'en finir une fois pour toutes avec l'esclavage moderne qui sévissait jusqu'alors dans les "latifundios", mais l'opposition a réclamé que la limite ne soit fixée qu'à 10000 hectares, et elle a eu gain de cause... la superficie sera soumise à référendum et les boliviens auront à choisir entre une limite portée à 5000 ou 10000 hectares, sauf si...
Le vice-président, Garcia Linera ne formule aucune espèce d'intérêt pour le socialisme du XXIème siècle, et lui préfère de loin ce qu'il appelle le "capitalisme andin", c'est à dire que toujours selon ses mots « L’Etat sera le premier wagon de la locomotive de l’économie. Le second, ce seront les investissements privés boliviens ; le troisième, les investissements étrangers ; le quatrième, la micro entreprise ; le cinquième, l’économie paysanne et le sixième, l’économie indigène communautaire. Tel est l’ordre stratégique selon lequel l’économie du pays doit se structurer », soyons clair, nous sommes bien loin des "développementalistes" (desarollistas) des années 50', sauf si...!
Pour Lineras, il ne s'agit que d'une étape transitoire, adaptée à la réalité d'aujourd'hui, il souhaiterait faire voter une modernité économique en lien avec le marché global mais en reconnaissant les deux autres formes de modernité que sont les forces communautaires, artisanales, celles des petits producteurs ainsi qu'une autre manière de voir l'organisation du travail, autant d'alternatives longtemps ignorées autant que grippés par les mécanismes du capitalisme classique.
Il parle de développer le capitalisme, ce qui par les temps qui court relèverait de l'humour noir s'il ne précisait dans la foulée que ce capialisme andin et amazonien doit faire coexister un secteur moderne, globalisé, ouvert, avec le secteur familial afin d'asseoir durablement un marché interne, le problème étant que, selon ses dires, la Bolivie ne sortira pas du capitalisme avant 50 ou 60 ans, sauf si...
...Sauf si le socialisme du XXIème siècle et le capitalisme andin comprennent, dans leur processus même, une stratégie de désossement du néo-libéralisme, sauf si ces deux perspectives regardent ensemble à travers le prisme de l'Alternative bolivarienne.
Il reste à espérer que la stratégie politico-économique du MAS ne fasse pas la part belle à l'opposition de droite et d'extrême droite, qu'il avait pris toute la mesure de la capacité de l'opposition à resserrer les rangs et à semer la terreur parmi la classe paysanne et ouvrière, qu'il avait prévu que certains articles seraient soumis à négociations pour parvenir aux deux-tiers, qu'il avait, en fin politique, assimilé les leçons de l'histoire.
Il semble que les députés (de Pando, Tarija, Beni...) se réjouissent un peu trop vite, un peu trop fort, du résultat des négociations. Ne serait-ce pas pour semer, comme à leur habitude, la confusion parmi la gauche bolivienne et, faire croire, par ricochet, à la trahison du peuple par le MAS, espérant gagner sur les deux tableaux de l'économie et du politique?
si oui, il s'agit d'une grossière erreur de ce capitalisme dont l'amnésie est une des failles dans laquelle il faut s'engouffrer, en montrant les ressources inépuisables dont le peuple bolivien dispose et que l'opposition ne soupçonne pas, une force que le peuple bolivien tire de la mémoire des luttes passées, et de la prévisibilité des réactions de ses opposants !
Quelques articles d'importance:
Langues
La constitution reconnaît comme officielles les 36 langues des peuples indigènes, en plus du Castillan et établit que le Gouvernement central, tout comme les régions autonomes, devront faire usage d'au moins deux d'entre elles. Une seule condition requise, celle de manier une langue native pour accéder à une charge publique, cela fera partie dudit processus.
Symboles:
Inclue la Wiphala parmi les symboles nationaux et désigne la ville de Sucre comme capitale de la République.
Guerre:
Déclare la Bolivie comme Etat pacifiste qui rejette la guerre comme solution aux différends et conflits entre Etats et interdit l'installation de bases militaires étrangères sur le territoire national.
Droits:
Elargit l'éventail des droits fondamentaux et inclue des questions tel que le droit à la santé, au logement et "l'accès universel et égalitaire aux sercices de base d'eau potable, de tout à l'égout, d'eletricité, de gaz, de poste et de télécommunications". Elle précise que "l'accès à l'eau constitue un droit humain".
Grève:
Garantie le droit de grève " en tant qu'exercice de la capacité légale des travailleurs et travailleuses à cesser le travail pour la défense de leurs droits, en accord avec la loi".
Une chose est sûre, la lutte du peuple bolivien ne s'arrêtera pas au lendemain du referendum (25 janvier 2009) de la même façon que la révolution démocratique ne cesse pas au moment des élections car il s'agit bel et bien, dans un cas comme dans l'autre, d'un processus, d'un élan, d'un chemin que certains, dans le bourbier de leur médiocrité, tentent d'embroussaillertoujours un peu plus. Ce sabotage à grande échelle est allègrement relayé par ce que Michel Colon appelle "les médias-mensonges" qui nous informent sur leur crédibilité, davantage par ce qu'ils taisent que par ce qu'ils nous disent...
Sources
www.risal.collectifs.net , 12 juin 2006
La constitution bolivienne (lisible)
DIAL (Diffusion de l'Information sur l'Amérique Latine)
La Nación
vendredi 24 octobre 2008
Les escadrons du néo-libéralisme
Les chiens sont lâchés et prolifèrent, aboyant maintenant sur place publique, alléchés qu'ils sont par l'odeur du corps exsangue de l'Amérique latine, les veines ne se sont pas encore refermées. La croisade occidentale financée par de dangereux néo-cons et fondamentalistes chrétiens ont l'alibi des crimes parfaits: les luttes contre le terrorisme et le narcotrafic qui forment un immense rideau de fumée derrière lequel se cache mal l'absurde et dévastatrice théorie du choc des civilisations développée par Samuel Huntington
Depuis le 11 septembre 2001, on assiste à un processus de rentabilisation d'une barbarie perpétrée par des écervelés armés jusqu'aux dents, des Sociétes Miltaires Privées (SMP) disposent de moyens humains et techniques considérables, des dizaines de milliers d'assassins-vacataires sont à leur disposition et, en Irak, leur Nombre a dépassé celui du contingent britannique (près de 28000).
En effet, Il leur a été donné carte blanche pour installer le chaos humain, la terreur politique, économique et sociale. Ces soldats, ces mercenaires du néo-libéralisme sont employés par un secteur militaro-industriel qui ne recule devant rien "to make money" et le chiffre d'affaire des Sociétés Militaires Privés (SMP) était en 2006 de l'ordre d'une centaine de milliard de dollars.
Ces SMP (il en existerait près de 600) participent du pillage organisé des Etats-cibles et de l'assassinat des peuples qui y vivent, au delà d'une prétendue aide au génie-civil et à la reconstruction, ils fournissent du matériel de guerre et vendent des formations aux techniques de guérillas urbaines. Mais pire encore, ils forment aux techniques d'interrogatoire directement issues de la théorie du Dr Cameron, cette thérapie par le choc qui se base sur la dépersonnalisation, la sur-sensibilisation et les électrochocs, en un mot, la torture, celle-là même qui est aujourd'hui pratiquée notamment à Guantanamo et à Abu Ghraib.
Nous savons que ces escadrons de tortionnaires privés, existaient déjà pendant la guerre froide: En 1969 au Brésil les "OBAN" (Opération Bandeirantes) étaient, comme le souligne Naomi Klein, financées par Ford et Général Motors, mais aussi en Argentine, Au Chili, en Bolivie, en Colombie... mais ils ne disposaient guère d'une artillerie impressionante, d'un département aérien comptant avions et hélicoptères et d’un embryon de marine de guerre.
Ces armées privées permettent non seulement de faire diminuer le chiffre officiel des morts au cours d'une opération militaire, mais aussi de ne pas impliquer la politique de Washington dans les massacres commis, elles agissent dans l'ombre, dans l'impunité la plus complète car leus agissements ne sont évidemment pas documentées.
Tandis qu'au lendemain du 11 septembre, Busch faisait les discours les plus rooseveltiens de sa carrière et tentait de montrer le retour de l'Etat dans les affaires de sécurité, de nombreuses multinationales d’exploitation pétrolières comme le Groupe Carlyle, Enron, Halliburton, Energy Services, Unocal... comprirent les profit qu'il y avait à tirer des situations de choc, les chiens de guerre furent lâchés dans divers bourbiers du monde, échappant à toute juridiction.
Le groupe "Chiquita Banana", en mars 2007, ne fut condamné qu'à une amende de 25 millions de Dollars pour avoir "versé de l'argent" à des para-militaires colombiens, cette multinationale qui détient le monopole de l'industrie bananière en Amérique centrale contrôle de nombreux ports, ce parasite tentaculaire hérité des heures les plus sombres de l'Amérique latine n'est autre que l'ex United Fruit Company qui a participé, entre autres, au renversement de J.Arbenz en 1954 au Guatemala et que le grand écrivain E. Galeano appellait "la pieuvre verte".
Blackwater est l'une de ces sociétés, elle fut fondée en 1997 par Erik Prince, un millionnaire chrétien conservateur mais qui a vu son chiffre d'affaire augmenter considérablement après le 11 septembre. Cette société a, depuis lors, tout fait pour ne pas être soumis aux lois martiales et à la Convention de Genève pour ses crimes en Irak, en Afghanistan, en Afrique sub-saharienne...
Cependant, le 06 avril 2004, une image très violente parvenant de Felloujah a fait le tour du monde, elle montrait quatre cadavres de "civils" américains
lynchés, cette médiatisation changea quelque peu la donne. Blackwater, sous les projecteurs des médias internationaux, profita des feux de la rampe et des négociations avec les néo-conservateurs de Washington pour prouver que la liberté et la démocratie avaient désormais besoin de solutions de sécurité innovantes et flexibles partout dans le monde. les SMP gagnèrent en légitimité dans le protagonisme de ces nouvelles guerres, elles sortirent de la clandestinité et de la discrétion qui prévalait par le passé chez les mercenaires traditionnels.
Malgré les accusations portées par les familles des quatre hommes tués à Felloujah et notamment par katy helvenston:
« Les sous-traitants privés comme Blackwater travaillent en dehors du champ de la chaîne de commandement militaire et peuvent littéralement faire ce que bon leur semble sans avoir aucune obligation de rendre des comptes au gouvernement ».
Trois mois plus tard, Blackwater signa un contrat de sécurité internationale avec le gouvernement de 300 millions de dollars...
Aussi, lorsque Obama déclare dans "The Nation" qu'il " rétablirait le contrôle sur ces entreprises ", tout en « mettant les sociétés sous l’emprise de la loi », on peut craindre une institutionnalisation du phénomène et de l'entreprenariat militaire, c'est exactement le même épouvantail que celui de la "moralisation" du néo-libéralisme, la même contradiction dans les termes, tant il est évident que là où doit régner en maître absolu la loi du marché, aucune régulation n'est possible.
Comme le souligne Jeff danziger:
"Disons que vous êtes un Américain de base, un type d'un intellect marginal pour qui le respect des autres revêt une importance inhabituelle. (...) Vous avez toujours aimé les armes à cause de cette façon qu'elles ont de faire peur aux gens.(...)Alors vous choisissez la sécurité privée. Pas de marche à pied. Des tas de flingues et presque pas de paperasse. Seul règle: on ne pose pas de questions."
De surcroît, la logique de ces SMP s'inscrivant en droite ligne de la stratégie néo-libérale, de nombreux militaires chiliens chevronnés par des années de service sous Pinochet, des péruviens, des brésiliens qui constituent de la chair à canons bon marché (payés 1000 dollars par mois au lieu de 1222 dollars la journée pour les "salariés" venant d'un des pays du Nord).
La vérité de leurs agissements a toujours été noyée dans la poussière et le sang des rues de Bagdad et de Bogotá, la barbarie a maintenant pignon sur rue et continue son oeuvre de mort.
Brian Bonfiglio (vice-président de l'entreprise) a affirmé en juin dernier que des contingents avaient été envoyés dans une base près de la frontière mexicaine.
Cette base situèe à 500 mètres de la première barrière métallique qui sépare la Californie de Tijuana constitue un nouveau vivier de paramilitaires présentés comme les stagiaires d'une "école de vocations".
Cette guerre qui assassine les syndicalistes et défenseurs de droits humains un peu partout où il existe une résistance à la volonté hégémonique de Washington, une guerre qui rappelle les massacres commis par les escadrons de la mort, à ceci de très inquiétant qu'elle dispose, maintenant, de moyens considérables car le Congrès a accordé une aide de 400 million de dollars au gouvernement Calderon dans la lutte contre le narcotrafic, justement lorsque Washington brigue la dénationalisation des champs pétrolifères au Mexique...
Il s'agit de contrecarrer la strangulation de la vérité opérée par le quatrième pouvoir qui se contente de parler de ces SMP que lorsqu'elles sont aculées au scandale (comme en septembre 2007 en Irak). Ne serait-ce que pour lutter contre tous les silences médiatiques et faire mentir Naomi Klein lorqu'elle dit que parler du déclin du néo-libéralisme est "un hasard analytique auto-consolatoire", car ce déclin se précipite à mesure que la vérité au grand jour éclate.
Voilà la présentation (traduite par mes soins) que fait Blackwater de son entreprise sur son site:
"Blackwater est Dans le monde entier célèbre pour sa capacité à porter durement les coups, nous proposons des expériences de formation efficaces pour l'armée, la sécurité et des professionnels d'application de la loi. Nous fournissons des cours de formation avancés pour une vaste gamme de missions, pour le terrain et pour des situations tactiques."
"Le personnel de formation très habile et hautement qualifié de Blackwater croit en la mise en pratique pédagogique pour augmenter votre sécurité et votre efficacité dans la rue ou sur le champ de bataille quotidien."
Sources
el porvenir
Pootbuthappy.com
Le Monde diplomatique n°632, 11/06
mercredi 22 octobre 2008
Une citoyenne en colère
Vous avez sans doute entendu que Darcos a officiellement lancé la "réforme" des lycées et tout le matraquage médiatique qui suit. A chaque fois, on a le droit à un petit couplet sur le système scolaire finlandais qui a inspiré notre cher ministre et qui obtient de si bons résultats au classement de l'OCDE.Petite piqûre de rappel : OCDE = organisation de coopération et de développement économiques. Je ne vois pas trop le rapport entre l'école et l'économie, à moins de considérer que son rôle est de constituer de bons petits soldats tout de suite prêts à être utilisés sur le marché du travail. Que ce soit la fonction du supérieur, à la rigueur pourquoi pas. Mais je pense pour ma part que le collège et le lycée sont des lieux où on acquiert des connaissances que l'on va garder toute sa vie et où on devient un citoyen doué d'esprit critique (d'accord, c'est un idéal !). De plus, concernant les tests pratiqués appelés Pisa : déjà, il est difficile, voire impossible, de les trouver.
Ils mettent l'accent sur les compétences (un terme cher au Médef) et non sur les connaissances. Il semblerait qu'ils aient tendance à privilégier les pays anglo-saxons par le choix des supports utilisés et les consignes données. Donc, gardons un oeil critique quand on fait l'éloge de tous ces pays qui réussissent si bien !
Voilà un petit récapitulatif sur la "réforme des lycées" :
- Diminution des heures de cours (moins 5 heures hebdomadaires).
- Mise en place de modules par semestre de tous les enseignements.
- Obtention du Bac par contrôle continu.
- Disparition des concours nationaux.
Décryptage : la "réforme" des lycée = Un bac à 36 000 vitesses (étant donné que ce ne sera plus un examen national). La mise en place du socle commun en collège va dans le même sens : c'est la fin des programmes nationaux.- La remise en cause des obligations de service statutaires des enseignants (par le détournement de 15% des moyens au profit d'un prétendu "accompagnement"). De plus, qui va les recruter ? Sur quels critères ? Pour faire quoi ? Transmettre des connaissances, un savoir (quel vilain mot !) ou jouer les gentils animateurs-psy-éducateurs-"orientateurs"-tuteurs-balayeurs ? Je ne plaisante pas : l'existence même des COP et des CPE est remise en cause. Qui va les remplacer ? - La réduction de nombre de postes (moins de cours = moins de profs). On est tous d'accord pour constater que l'Education nationale ne va pas bien, qu'elle laisse beaucoup d'élèves sur le carreau et qu'il faut des changements. Mais cette réforme ne va pas dans le bon sens. Son seul but : faire des économies. Parlons donc plutôt de "contre-réforme". Que faire ?- Signer la pétition : ces pétitions seront remises au Ministère jeudi matin.- Se mobiliser jeudi 23 octobre en faisant grève et en allant manifester : c'est un appel de FO pour toute la Fonction publique contre la casse du service public et toutes les suppressions de postes.
Pour ceux qui ont le courage de lire encore : Tous les syndicats n'ont pas du tout le même point de vue sur cette "réforme" des lycées :- UNSA et SGEN sont totalement pour (cf : le doc en salle des profs).- en juin, le SNES a signé les "16 points de convergence" préparatifs à cette "réforme", mais devant la fronde de leur base, ils se sont retirés des négociations il y a 15 jours ; leur position n'est donc pas très claire. Même chose pour la CGT.Si la journée du 23 est lancée par Fo, il faut quand même savoir que, dans pas mal d'établissements, des positions communes ont été prises par plusieurs sections syndicales. Je sais que certains sont sceptiques sur l'utillité d'une seule journée de grève : il s'agit de créer un rapport de forces, c'est pourquoi il est important aussi d'aller à la manif. N'oubliez pas qu'en 2007, nous avons obtenu l'abrogation du décret de Robien (qui voulait supprimer les décrets de 1950, donc ce qui définit notre statut actuel).
Réfléchir ensemble...
Conférence, atelier-débat le 25 octobre à la Maison de l'Amérique Latine:
Pendant toute cette période, marquée par la récupération, au service de la population, des ressources naturelles de la nation, la Révolution bolivarienne a fait l’objet de constantes tentatives de déstabilisation par le gouvernement des Etats-Unis, dont le coup d’Etat du 11 avril 2002 est l’exemple le plus spectaculaire. Ces tentatives se poursuivent actuellement sous de multiples formes et s’étendent à d’autres pays de la région où des élections ont porté au pouvoir des gouvernements progressistes, en premier lieu en Bolivie.
L’Europe ne doit pas s’aligner sur la politique de Washington. Sauf à renier les valeurs dont elle se prévaut, elle doit développer, avec les gouvernements et les sociétés du Venezuela et des autres pays d’Amérique latine engagés dans des processus de transformation démocratique et sociale, des relations d’amitié, de connaissance mutuelle, de coopération et de solidarité.
Dans sa séance plénière du matin, la Conférence s’efforcera de prendre la mesure des enjeux démocratiques, sociaux, politiques et culturels d’une nouvelle relation entre l’Europe, le Venezuela et les autres gouvernements progressistes d’Amérique latine. L’après-midi, dans 6 ateliers simultanés, seront exposées et mises en débat les politiques que la Révolution bolivarienne met en oeuvre dans des domaines particuliers, et dont l’intérêt dépasse les frontières du Venezuela. Ce sera l’occasion de nouer des contacts fructueux entre acteurs européens et vénézuéliens venus participer à la Conférence.
Une séance plénière de synthèse clôturera la Conférence.
Les travaux se dérouleront en trois langues (anglais, espagnol, français) avec interprétation simultanée dans les plénières.
PROGRAMME
9 h 45-10 h : INSCRIPTIONS
10 h – 13 h 15 : SÉANCE PLÉNIÈRE
Animation : Ignacio Ramonet, président de Mémoire des luttes (France)
10 h – 11 h : Les termes du débat
Les acquis de la Révolution bolivarienne, par Maurice Lemoine, rédacteur en chef du Monde diplomatique.
Comment le Venezuela dynamise l’intégration latino-américaine, par Temir Porras, ancien élève de l’ENA, directeur de cabinet du ministre vénézuélien des affaires étrangères Nicolas Maduro.
- Dix années de tentatives de déstabilisation, par Alexander Main, analyste de politique latino-américaine (Washington)
Les défis de l’Europe face aux deux Amériques, par Raùl Morodo, ancien ambassadeur d’Espagne au Venezuela
11 h – 12 h : La crise financière internationale vue du Sud. Comment reconstruire un système en faillite.
Avec
Nicolas Maduro, ministre vénézuélien des affaires étrangères
Mario Soares, ancien président du Portugal
Edgar Morin, philosophe (sous réserve)
12 h – 13 h 15 : Réactions et propositions
Olivier Besancenot ou Alain Krivine, LCR (France) ; Jacques Fath, PCF (France), Raquel Garrido, PRS (France), Colin Burgon, député travalliste (Royaume-Uni) ; Céline Delforge, sénatrice Ecolo (Belgique) ; Paolo Ferrero, secrétaire général de Rifondazione (Italie) ; Miguel Angel Martinez, vice-président du Parlement européen (Espagne) ; Andros Kyprianous, député de AKEL (Chypre) et membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, un député de Die Linke (Allemagne, à confirmer).
14 h 45-16 h 30 : ATELIERS SPÉCIALISÉS
Atelier 1 : Les politiques environnementales et la lutte contre le changement climatique.
Atelier 2 : Les droits des travailleurs et la justice sociale.
Atelier 3 : Une société libre qui refuse les discriminations.
Atelier 4 : La démocratisation de l’éducation et la participation des organisations de jeunesse et des mouvements étudiants.
Atelier 5 : Les réponses à la guerre médiatique et le développement des médias alternatifs.
Atelier 6 : Pour un monde multipolaire, l’action en faveur de l’intégration latino-américaine.
16 h 45- 17 h 45 : SÉANCE PLÉNIÈRE DE CLÔTURE
Rapport des travaux des 6 ateliers
Synthèse des travaux, par Bernard Cassen, secrétaire général de Mémoire des luttes
Ce que le Venezuela attend de l’Europe, par Maximilien Arvelaiz, conseiller diplomatique du président Chavez.
Source: www.medelu.org/ - 36k -
Il est fortement conseillé de s'inscrire : fanny.soares@medelu.org
Pendant toute cette période, marquée par la récupération, au service de la population, des ressources naturelles de la nation, la Révolution bolivarienne a fait l’objet de constantes tentatives de déstabilisation par le gouvernement des Etats-Unis, dont le coup d’Etat du 11 avril 2002 est l’exemple le plus spectaculaire. Ces tentatives se poursuivent actuellement sous de multiples formes et s’étendent à d’autres pays de la région où des élections ont porté au pouvoir des gouvernements progressistes, en premier lieu en Bolivie.
L’Europe ne doit pas s’aligner sur la politique de Washington. Sauf à renier les valeurs dont elle se prévaut, elle doit développer, avec les gouvernements et les sociétés du Venezuela et des autres pays d’Amérique latine engagés dans des processus de transformation démocratique et sociale, des relations d’amitié, de connaissance mutuelle, de coopération et de solidarité.
Dans sa séance plénière du matin, la Conférence s’efforcera de prendre la mesure des enjeux démocratiques, sociaux, politiques et culturels d’une nouvelle relation entre l’Europe, le Venezuela et les autres gouvernements progressistes d’Amérique latine. L’après-midi, dans 6 ateliers simultanés, seront exposées et mises en débat les politiques que la Révolution bolivarienne met en oeuvre dans des domaines particuliers, et dont l’intérêt dépasse les frontières du Venezuela. Ce sera l’occasion de nouer des contacts fructueux entre acteurs européens et vénézuéliens venus participer à la Conférence.
Une séance plénière de synthèse clôturera la Conférence.
Les travaux se dérouleront en trois langues (anglais, espagnol, français) avec interprétation simultanée dans les plénières.
PROGRAMME
9 h 45-10 h : INSCRIPTIONS
10 h – 13 h 15 : SÉANCE PLÉNIÈRE
Animation : Ignacio Ramonet, président de Mémoire des luttes (France)
10 h – 11 h : Les termes du débat
Les acquis de la Révolution bolivarienne, par Maurice Lemoine, rédacteur en chef du Monde diplomatique.
Comment le Venezuela dynamise l’intégration latino-américaine, par Temir Porras, ancien élève de l’ENA, directeur de cabinet du ministre vénézuélien des affaires étrangères Nicolas Maduro.
- Dix années de tentatives de déstabilisation, par Alexander Main, analyste de politique latino-américaine (Washington)
Les défis de l’Europe face aux deux Amériques, par Raùl Morodo, ancien ambassadeur d’Espagne au Venezuela
11 h – 12 h : La crise financière internationale vue du Sud. Comment reconstruire un système en faillite.
Avec
Nicolas Maduro, ministre vénézuélien des affaires étrangères
Mario Soares, ancien président du Portugal
Edgar Morin, philosophe (sous réserve)
12 h – 13 h 15 : Réactions et propositions
Olivier Besancenot ou Alain Krivine, LCR (France) ; Jacques Fath, PCF (France), Raquel Garrido, PRS (France), Colin Burgon, député travalliste (Royaume-Uni) ; Céline Delforge, sénatrice Ecolo (Belgique) ; Paolo Ferrero, secrétaire général de Rifondazione (Italie) ; Miguel Angel Martinez, vice-président du Parlement européen (Espagne) ; Andros Kyprianous, député de AKEL (Chypre) et membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, un député de Die Linke (Allemagne, à confirmer).
14 h 45-16 h 30 : ATELIERS SPÉCIALISÉS
Atelier 1 : Les politiques environnementales et la lutte contre le changement climatique.
Atelier 2 : Les droits des travailleurs et la justice sociale.
Atelier 3 : Une société libre qui refuse les discriminations.
Atelier 4 : La démocratisation de l’éducation et la participation des organisations de jeunesse et des mouvements étudiants.
Atelier 5 : Les réponses à la guerre médiatique et le développement des médias alternatifs.
Atelier 6 : Pour un monde multipolaire, l’action en faveur de l’intégration latino-américaine.
16 h 45- 17 h 45 : SÉANCE PLÉNIÈRE DE CLÔTURE
Rapport des travaux des 6 ateliers
Synthèse des travaux, par Bernard Cassen, secrétaire général de Mémoire des luttes
Ce que le Venezuela attend de l’Europe, par Maximilien Arvelaiz, conseiller diplomatique du président Chavez.
Source: www.medelu.org/ - 36k -
Il est fortement conseillé de s'inscrire : fanny.soares@medelu.org
samedi 4 octobre 2008
Zweig ou l'écrivain désincarné
Ce livre a été écrit en deux périodes, en 1931 puis en 1938, entre-temps, la montée du fascisme et les indices d'une guerre latente donne une couleur écarlate à l'écriture. A la lecture nous nous rendons bien compte du changement de tonalité qui marque l'oeuvre, mais cela va bien au delà, le hors-champ pénètre peu à peu et imprègne ce chant du cygne romanesque, pour reprendre l'idée de Sartre: "Toute technique romanesque renvoie toujours à la métaphysique du romancier".
Christine Hohflener est une femme plombée dans son univers claustrophobique, assise derrière son bureau de poste d'un village autrichien, elle n'est rien d'autre qu'un rouage d'une mécanique qui la dépasse, dont elle ne cherche même pas à comprendre le fonctionnement.
L'acuité littéraire de Zweig renvoie inévitablement, dans cette oeuvre,à un réalisme balzacien. Le moindre détail de cette prison administrative est comme dépecé.
Du tampon dont le destin est de dessiner toujours la même trajectoire dans l'air pour venir frapper mollement une vulgaire paperasse qui n'attendait que lui, aux cartes postales venus d'ailleurs qui ne lui sont pas destinées et que ses maigres doigts pleins d'encre osent à peine toucher, Christine est écrasée dans un entre-deux mondes terriblement prosaïque où la moindre capacité d'abstraction se trouve anéantie, où le moindre recul sur sa condition lui est impossible tant sa conscience est ankylosé par un quotidien asphyxié.
La description de son appartement aux murs lépreux, cette mère moralement malade et au bord du gouffre, cette famille atrophiée par la mort d'un père et d'un frère déverse une bile visqueuse et noire sur la peinture de cette vie et gonfle paradoxalement cette femme d'une humanité inattendue, d'une résignation mélancolique.
Arrive un télégramme dans lequel sa tante, mariée et installée en Amérique, l'invite à passer une quinzaine dans un hôtel de Pontresina où elle est en vacances. Christine s'habille du mieux qu'elle peut et, pleine d'appréhension, prend le train.
La vue de "l'inimaginable majesté des Alpes" révèle en elle une force et un appétit de vivre qu'elle croyait avoir perdus. Très intimidée à son arrivée à l'hôtel, elle est prise en main par sa tante qui l'habille comme il se doit dans ce monde du paraître, la présente à ses amis et s'amuse des maladresses et des progrès de sa protégée que tout le monde appelle mademoiselle Van Bolhen.
" Sans désirs, pour la première fois, son être, au contact de la grandeur, découvre la force bouleversante du voyage qui, d’un seul coup, arrache du corps la dure croûte de l’habitude et en rejette l’essence nue, fertile dans le flot de la métamorphose ".
La métamorphose s'effectue très vite: Christine oublie qu'elle n'est qu'une pauvre postière et s'enivre dans la fréquentation de personnes fortunées qui voient en elle une riche héritière. Elle séduit tout son entourage, se fait courtiser par un vieux général anglais et quelques jeunes gens caressants.
Mais une petite peste, envieuse de cet engouement pour Christine, commence à démasquer et à désarticuler par la rumeur destructrice sa véritable identité de roturière, elle vient mettre fin à ce semblant de rêve.
Mais, il est trop tard, la crysalide a éclaté, une force nouvelle coule dans ses veines, elle donnerait tout pour ne pas revenir à son état de "larve amorphe, aveugle, rampante".
C'est alors que sa rencontre avec ferdinand (un ami de son beau-frère) un homme revenu de tout sauf de lui-même, ayant perdu dix ans de sa vie à la guerre d'abord et dans une geôle de Sibérie ensuite, vient tout bouleverser.
Alors que La premère guerre n'était qu'évoqué par qulques flash-backs sur l'enfance de Christine, à présent, les prémices menaçants de la seconde guerre mondiale pénètrent le récit, les voix tour à tour chuchotent, grincent et s'emportent dans l'excitation de cette rencontre inespérée.
Cet homme en proie aux mêmes difficultés financières et existentielles qu'elle, a dans les poches de quoi la subjuguer, il arrive par quelques vestiges de tendresse à sauver ce qui pouvait encore l'être et lui propose un contrat faustien dont on ne peut que deviner l'issu: reprendre à l'état ce qu'il leur a volé, mais il tient à lui faire comprendre ce que cela implique, c'est à dire passer d'une vie honnête et mise aux fers à une liberté de fugitifs traqués
Ce personnage d'un anarchisme qui ne dit pas son nom, porte en lui un pessimisme destructeur mais également une rage contenu contre le système et l'Etat.
Alors que l'horreur de la guerre assombrit le monde et que l'anéantissement des libertés fait son oeuvre, dans ce petit village autrichien c'est l'amour qui triomphe dans sa propre destruction.
Dans le roman, le flingue porte toute la liberté nietzschéenne, mais il est aussi le poignard chez Lorca, l'alcool chez Valle-Inclan, une de ces allégories qui vous rassure autant qu'elle vous menace.
Cette fin suggérée, préfigurant celle, hélas trop réelle, de Pétropolis, le 22 février 1942, rend encore plus poignant ce roman d’outre-tombe, il vous assaille par toutes les fêlures de votre être et vous asseoit précisément devant le miroir que vouliez fuir.
Voilà, une réflexion de jouvet sur le théâtre qui pourrait s'appliquer à l'art en général, à ce vertige qui touche tout à la fois le créateur, la créature et le lecteur-spectateur:
« Par un étrange goût dont on n’a pas encore trouvé et dont on ne trouvera sans doute jamais toutes les raisons, dans ce refuge, dans ce faux paradis, dans ce lieu que des métamorphoses dérisoires, des supercheries puériles, une magie enfantine rendent le plus vain, le plus fallacieux, le plus inutile de tous les lieux humains, mais où l’homme apporte cependant ce qu’il y a de plus pur, de plus désintéressé, de plus sincère au moment où il y pénètre... l’homme se regarde lui-même... L’homme vient au théâtre pour se contempler à travers ses semblables, pour se refléter dans l’acteur qui est sur la scène... Il devient son propre miroir... Il croit qu’il se voit. Il vit de cette autre présence, de cette vision. Ce n’est qu’un vertige. En fait, on peut dire aussi bien qu’il cesse d’exister. »
JOUVET Louis, Témoignages sur le théâtre, Flammarion, 2002.
Christine Hohflener est une femme plombée dans son univers claustrophobique, assise derrière son bureau de poste d'un village autrichien, elle n'est rien d'autre qu'un rouage d'une mécanique qui la dépasse, dont elle ne cherche même pas à comprendre le fonctionnement.
L'acuité littéraire de Zweig renvoie inévitablement, dans cette oeuvre,à un réalisme balzacien. Le moindre détail de cette prison administrative est comme dépecé.
Du tampon dont le destin est de dessiner toujours la même trajectoire dans l'air pour venir frapper mollement une vulgaire paperasse qui n'attendait que lui, aux cartes postales venus d'ailleurs qui ne lui sont pas destinées et que ses maigres doigts pleins d'encre osent à peine toucher, Christine est écrasée dans un entre-deux mondes terriblement prosaïque où la moindre capacité d'abstraction se trouve anéantie, où le moindre recul sur sa condition lui est impossible tant sa conscience est ankylosé par un quotidien asphyxié.
La description de son appartement aux murs lépreux, cette mère moralement malade et au bord du gouffre, cette famille atrophiée par la mort d'un père et d'un frère déverse une bile visqueuse et noire sur la peinture de cette vie et gonfle paradoxalement cette femme d'une humanité inattendue, d'une résignation mélancolique.
Arrive un télégramme dans lequel sa tante, mariée et installée en Amérique, l'invite à passer une quinzaine dans un hôtel de Pontresina où elle est en vacances. Christine s'habille du mieux qu'elle peut et, pleine d'appréhension, prend le train.
La vue de "l'inimaginable majesté des Alpes" révèle en elle une force et un appétit de vivre qu'elle croyait avoir perdus. Très intimidée à son arrivée à l'hôtel, elle est prise en main par sa tante qui l'habille comme il se doit dans ce monde du paraître, la présente à ses amis et s'amuse des maladresses et des progrès de sa protégée que tout le monde appelle mademoiselle Van Bolhen.
" Sans désirs, pour la première fois, son être, au contact de la grandeur, découvre la force bouleversante du voyage qui, d’un seul coup, arrache du corps la dure croûte de l’habitude et en rejette l’essence nue, fertile dans le flot de la métamorphose ".
La métamorphose s'effectue très vite: Christine oublie qu'elle n'est qu'une pauvre postière et s'enivre dans la fréquentation de personnes fortunées qui voient en elle une riche héritière. Elle séduit tout son entourage, se fait courtiser par un vieux général anglais et quelques jeunes gens caressants.
Mais une petite peste, envieuse de cet engouement pour Christine, commence à démasquer et à désarticuler par la rumeur destructrice sa véritable identité de roturière, elle vient mettre fin à ce semblant de rêve.
Mais, il est trop tard, la crysalide a éclaté, une force nouvelle coule dans ses veines, elle donnerait tout pour ne pas revenir à son état de "larve amorphe, aveugle, rampante".
C'est alors que sa rencontre avec ferdinand (un ami de son beau-frère) un homme revenu de tout sauf de lui-même, ayant perdu dix ans de sa vie à la guerre d'abord et dans une geôle de Sibérie ensuite, vient tout bouleverser.
Alors que La premère guerre n'était qu'évoqué par qulques flash-backs sur l'enfance de Christine, à présent, les prémices menaçants de la seconde guerre mondiale pénètrent le récit, les voix tour à tour chuchotent, grincent et s'emportent dans l'excitation de cette rencontre inespérée.
Cet homme en proie aux mêmes difficultés financières et existentielles qu'elle, a dans les poches de quoi la subjuguer, il arrive par quelques vestiges de tendresse à sauver ce qui pouvait encore l'être et lui propose un contrat faustien dont on ne peut que deviner l'issu: reprendre à l'état ce qu'il leur a volé, mais il tient à lui faire comprendre ce que cela implique, c'est à dire passer d'une vie honnête et mise aux fers à une liberté de fugitifs traqués
Ce personnage d'un anarchisme qui ne dit pas son nom, porte en lui un pessimisme destructeur mais également une rage contenu contre le système et l'Etat.
Alors que l'horreur de la guerre assombrit le monde et que l'anéantissement des libertés fait son oeuvre, dans ce petit village autrichien c'est l'amour qui triomphe dans sa propre destruction.
Dans le roman, le flingue porte toute la liberté nietzschéenne, mais il est aussi le poignard chez Lorca, l'alcool chez Valle-Inclan, une de ces allégories qui vous rassure autant qu'elle vous menace.
Cette fin suggérée, préfigurant celle, hélas trop réelle, de Pétropolis, le 22 février 1942, rend encore plus poignant ce roman d’outre-tombe, il vous assaille par toutes les fêlures de votre être et vous asseoit précisément devant le miroir que vouliez fuir.
Voilà, une réflexion de jouvet sur le théâtre qui pourrait s'appliquer à l'art en général, à ce vertige qui touche tout à la fois le créateur, la créature et le lecteur-spectateur:
« Par un étrange goût dont on n’a pas encore trouvé et dont on ne trouvera sans doute jamais toutes les raisons, dans ce refuge, dans ce faux paradis, dans ce lieu que des métamorphoses dérisoires, des supercheries puériles, une magie enfantine rendent le plus vain, le plus fallacieux, le plus inutile de tous les lieux humains, mais où l’homme apporte cependant ce qu’il y a de plus pur, de plus désintéressé, de plus sincère au moment où il y pénètre... l’homme se regarde lui-même... L’homme vient au théâtre pour se contempler à travers ses semblables, pour se refléter dans l’acteur qui est sur la scène... Il devient son propre miroir... Il croit qu’il se voit. Il vit de cette autre présence, de cette vision. Ce n’est qu’un vertige. En fait, on peut dire aussi bien qu’il cesse d’exister. »
JOUVET Louis, Témoignages sur le théâtre, Flammarion, 2002.
lundi 22 septembre 2008
Bolivie, une table, une chaise... et l'extrême droite!
Les vieilles peaux n'avaient pas de fourrure ce soir-là, flasques et imbibées du parfum le plus ignoble qui soit, elles exhibaient vulgairement les robes de soirées, elles-mêmes honteuses d'être ainsi mises en forme. Les masques terribles de l'indifférence et de l'opération raté avaient fait disparaître toute humanité dans ces visages anonymes. Les rires n'étaient plus guère que des ricanements à faire trembler le cristal des flûtes tant ils sonnaient faux et creux.
Quelques rombières se prenant pour des princesses faisaient du gringue à de vieux diplomates dont l'arrogance n'avait d'égal que le ridicule. Un colonel fantoche de l'armée guatemaltèque, les yeux injectés du sang des dernières guerres fit encore quelques pas mal assurés vers ce champagne millésimé qui pourrait tout aussi bien être une bière quelconque.
L'odeur insoutenable de la tartufferie mondaine crevait les narines à en perdre la mécanique instinctive de la respiration.
Tout se passe comme si de rien n'était, en l'honneur de la fête nationale de l'indépendance en amérique centrale (15 septembre), "l'indépendance"... un mot qui ferait bien rire si tout cela n'était pas si tragique!
La tension en Bolivie ne s'apaise pas, parler de la mauvaise volonté des préfets de Santa Cruz, de Tarija, de Chuquisaca et de Beni, c'est de la sous-vérité.
Morales souhaite démanteler toute conspiration putschiste des autonomistes d'extrême droite, mais pour cela, il doit démontrer, prouver, justifier plus que de raison, le caractère démocratique de ses réformes à la sacro-sainte globalisation médiatique. C'est en ce sens qu'il a fait appel à l'arbitrage de l'ONU, de l'OEA et de l'UNASUR (unión de Naciones suramericanas).
Mais les préfets ne veulent pas négocier, ils ne veulent qu'une seule chose: retarder au maximum le vote de la constitution qu'ils jugent "indigéniste", combien de temps les règles de la démocratie devront-elles encore être bafouées avant le réveil des consciences.
Non, la demie-lune n'en veut pas de la "grande réconciliation nationale", le gouvernement et le Conseil Nationale Démocratique (CONALDE) ne peuvent ni ne doivent négocier quoique ce soit.
Le Vice-Président Garcia Linera le dit très bien: "l’opinion publique, qui doit savoir que le gouvernement ne va pas négocier les morts, le gouvernement ne va pas négocier la responsabilité pénale et criminelle des massacreurs, des assassins".
Les préfets des régions qui constituent la demie-lune rejettent la nouvelle Constitution et veulent la restitution du pourcentage de l’Impôt Direct aux Hydrocarbures (IDH, comme ils rejettent toute intelligence socialiste comme la création de versements de retraites, la réforme agraire entre autres.
Le gouverneur de la région du Pando est responsable du massacre d'une vingtaine de paysans et a été arrêté pour cela, la tension qui en a résulté vient des soldats en civil, des mercenaires brésiliens ou péruviens payés pour faire le sale boulot. Le préfet paye pour cela, sans compter sa participation zélée à la victoire du dictateur Hugo Banzer en 1997.
Des négociations avec pour arbitrage un José Miguel Insulza (qui a cédé déjà plusieurs fois aux directives de Washington pour l'intégration de Cuba, l' affaire de la RCTV au Venezuela entre autres) à la tête de l'OEA?
Sachant que les Etats-Unis viennent d'ajouter la Bolivie à sa liste noire des pays qui ne combattent pas... le narco-trafic, qui pourra encore tomber dans ce piège cent fois tendus sans prouver ainsi sa stupidité?
Un table, une chaise et des assassins que l'on veut prendre
pour des conciliateurs?
Et pendant ce temps-là on fête l'indépendance à l'Ambassade!
Un rassemblement se soutien au peuple bolivien est prévu à Châtelet (Fontaine des innocents) le AUJOURD'HUI à 18H30
Quelques rombières se prenant pour des princesses faisaient du gringue à de vieux diplomates dont l'arrogance n'avait d'égal que le ridicule. Un colonel fantoche de l'armée guatemaltèque, les yeux injectés du sang des dernières guerres fit encore quelques pas mal assurés vers ce champagne millésimé qui pourrait tout aussi bien être une bière quelconque.
L'odeur insoutenable de la tartufferie mondaine crevait les narines à en perdre la mécanique instinctive de la respiration.
Tout se passe comme si de rien n'était, en l'honneur de la fête nationale de l'indépendance en amérique centrale (15 septembre), "l'indépendance"... un mot qui ferait bien rire si tout cela n'était pas si tragique!
La tension en Bolivie ne s'apaise pas, parler de la mauvaise volonté des préfets de Santa Cruz, de Tarija, de Chuquisaca et de Beni, c'est de la sous-vérité.
Morales souhaite démanteler toute conspiration putschiste des autonomistes d'extrême droite, mais pour cela, il doit démontrer, prouver, justifier plus que de raison, le caractère démocratique de ses réformes à la sacro-sainte globalisation médiatique. C'est en ce sens qu'il a fait appel à l'arbitrage de l'ONU, de l'OEA et de l'UNASUR (unión de Naciones suramericanas).
Mais les préfets ne veulent pas négocier, ils ne veulent qu'une seule chose: retarder au maximum le vote de la constitution qu'ils jugent "indigéniste", combien de temps les règles de la démocratie devront-elles encore être bafouées avant le réveil des consciences.
Non, la demie-lune n'en veut pas de la "grande réconciliation nationale", le gouvernement et le Conseil Nationale Démocratique (CONALDE) ne peuvent ni ne doivent négocier quoique ce soit.
Le Vice-Président Garcia Linera le dit très bien: "l’opinion publique, qui doit savoir que le gouvernement ne va pas négocier les morts, le gouvernement ne va pas négocier la responsabilité pénale et criminelle des massacreurs, des assassins".
Les préfets des régions qui constituent la demie-lune rejettent la nouvelle Constitution et veulent la restitution du pourcentage de l’Impôt Direct aux Hydrocarbures (IDH, comme ils rejettent toute intelligence socialiste comme la création de versements de retraites, la réforme agraire entre autres.
Le gouverneur de la région du Pando est responsable du massacre d'une vingtaine de paysans et a été arrêté pour cela, la tension qui en a résulté vient des soldats en civil, des mercenaires brésiliens ou péruviens payés pour faire le sale boulot. Le préfet paye pour cela, sans compter sa participation zélée à la victoire du dictateur Hugo Banzer en 1997.
Des négociations avec pour arbitrage un José Miguel Insulza (qui a cédé déjà plusieurs fois aux directives de Washington pour l'intégration de Cuba, l' affaire de la RCTV au Venezuela entre autres) à la tête de l'OEA?
Sachant que les Etats-Unis viennent d'ajouter la Bolivie à sa liste noire des pays qui ne combattent pas... le narco-trafic, qui pourra encore tomber dans ce piège cent fois tendus sans prouver ainsi sa stupidité?
Un table, une chaise et des assassins que l'on veut prendre
pour des conciliateurs?
Et pendant ce temps-là on fête l'indépendance à l'Ambassade!
Un rassemblement se soutien au peuple bolivien est prévu à Châtelet (Fontaine des innocents) le AUJOURD'HUI à 18H30
vendredi 12 septembre 2008
Mon hommage à moi
Et pour ceux qui, comme moi, vont à la fête de l'huma, Conférence samedi sur l'interventionnisme des USA en Amérique Latine au stand de l'Alba à 18h00 (Eva Golinger, Maxime Vivas, une parente d'un des cinq de Miami...
La mémoire ne se rend jamais
A l'heure où un coup d'Etat instigué et fomenté par Washington, aussi bien en Bolivie qu'au Venezuela, menace( Chavez a lancé un appel à la vigileance citoyenne le 11/09 et à la sécurité du palais de Miraflores soyons vigileants et n'oublions pas ce magnifique discours un autre 11 septembre...
Mes amis,
C’est certainement la dernière fois que j’aurai à m’adresser à vous. La force aérienne a bombardé les tours de Radio Portales et de Radio Corporación. Mes paroles ne sont pas marquées d’amertume mais de déception, et seront le châtiment moral de ceux qui ont trahi leur serment : les soldats du Chili, les commandants en chef titulaires et l’amiral Merino, qui s’est promu lui-même, sans oublier Monsieur Mendoza, général perfide qui, hier encore, manifestait sa fidélité et sa loyauté au gouvernement, et aujourd’hui vient de s’autoproclamer directeur général des carabiniers.
Devant ces faits, il n’y a qu’une seule chose que je puisse dire aux travailleurs : je ne démissionnerai pas !
Placé à un tournant historique, je paierai de ma vie la loyauté du peuple. Et je suis certain que la semence déposée dans la conscience digne de milliers et de milliers de Chiliens ne pourra être arrachée pour toujours.
Ils ont la force, ils pourront asservir, mais les processus sociaux ne s’arrêtent avec le crime ni avec la force.
L’histoire nous appartient et ce sont les peuples qui la font.
Travailleurs de ma patrie,
Je tiens à vous remercier de votre loyauté de toujours, de la confiance que vous avez deposée en un homme qui ne fut que l’interprète des grands désirs de justice, qui donna sa parole de respecter la Constitution et la loi, et qui l’a tenue.
Dans cet instant ultime, le dernier où je puisse m’adresser à vous, je vous demande que vous mettiez à profit cette leçon : le capital étranger et l’impérialisme, unis à la réaction, ont créé le climat pour que les forces armées rompent leur tradition, celle que leur enseigna le général Schneider et que réaffirma le commandant Araya, qui tombèrent victimes de la même couche sociale qui, aujourd’hui, attend bien au chaud qu’une main étrangère lui rende le pouvoir pour continuer à défendre ses profits et ses privilèges.
Je m’adresse tout d’abord à la modeste femme de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous, à l’ouvrière qui a travaillé plus, à la mère qui a compris de notre préoccupation pour les enfants.
Je m’adresse aux travailleurs des professions libérales qui ont eu une conduite patriotique, à ceux qui ont agi contre la sédition encouragée par les organisations corporatives, ordres de classe qui ne cherchent qu’à défendre les avantages que la société capitaliste n’accorde qu’à une poignée.
Je m’adresse à la jeunesse, à ceux qui chantèrent et communiquèrent leur joie et leur esprit de lutte.
Je m’adresse à l’homme du Chili, à l’ouvrier, au paysan, à l’intellectuel, à tous ceux qui seront persécutés... car dans notre pays le fascisme s’est déjà fait connaître depuis longtemps dans les attentats terroristes, faisant sauter les ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et les gazoducs, bénéficiant du silence de ceux qui avaient l’obligation d’assurer la défense... L’histoire les jugera !
Radio Magallanes sera sûrement réduite au silence, et le son tranquille de ma voix n’arrivera plus jusqu’à vous.
Peu importe, vous continuerez à l’entendre, je resterai toujours à vos côtés ; mon souvenir sera au moins celui d’un homme digne qui fut fidèle à la loyauté des travailleurs.
Le peuple doit se défendre, mais pas se sacrifier. Le peuple ne doit pas se laisser cribler ni écraser, mais il ne doit pas non plus se laisser humilier.
Travailleurs de ma patrie,
J’ai crois au Chili et en son destin. D’autres hommes sauront dépasser ce moment gris et amer où la trahison prétend s’imposer. Allez de l’avant et sachez que dans un avenir plus proche que lointain s’ouvriront à nouveau les larges avenues par où s’avancera l’homme libre pour construire une société meilleure.
Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vivent les travailleurs !
Celles-ci sont mes dernières paroles.
J’ai la certitude que mon sacrifice ne sera pas inutile ; j’ai la certitude qu’il sera tout au moins une leçon morale pour châtier la félonie, la couardise et la trahison.
Salvador Allende
Mes amis,
C’est certainement la dernière fois que j’aurai à m’adresser à vous. La force aérienne a bombardé les tours de Radio Portales et de Radio Corporación. Mes paroles ne sont pas marquées d’amertume mais de déception, et seront le châtiment moral de ceux qui ont trahi leur serment : les soldats du Chili, les commandants en chef titulaires et l’amiral Merino, qui s’est promu lui-même, sans oublier Monsieur Mendoza, général perfide qui, hier encore, manifestait sa fidélité et sa loyauté au gouvernement, et aujourd’hui vient de s’autoproclamer directeur général des carabiniers.
Devant ces faits, il n’y a qu’une seule chose que je puisse dire aux travailleurs : je ne démissionnerai pas !
Placé à un tournant historique, je paierai de ma vie la loyauté du peuple. Et je suis certain que la semence déposée dans la conscience digne de milliers et de milliers de Chiliens ne pourra être arrachée pour toujours.
Ils ont la force, ils pourront asservir, mais les processus sociaux ne s’arrêtent avec le crime ni avec la force.
L’histoire nous appartient et ce sont les peuples qui la font.
Travailleurs de ma patrie,
Je tiens à vous remercier de votre loyauté de toujours, de la confiance que vous avez deposée en un homme qui ne fut que l’interprète des grands désirs de justice, qui donna sa parole de respecter la Constitution et la loi, et qui l’a tenue.
Dans cet instant ultime, le dernier où je puisse m’adresser à vous, je vous demande que vous mettiez à profit cette leçon : le capital étranger et l’impérialisme, unis à la réaction, ont créé le climat pour que les forces armées rompent leur tradition, celle que leur enseigna le général Schneider et que réaffirma le commandant Araya, qui tombèrent victimes de la même couche sociale qui, aujourd’hui, attend bien au chaud qu’une main étrangère lui rende le pouvoir pour continuer à défendre ses profits et ses privilèges.
Je m’adresse tout d’abord à la modeste femme de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous, à l’ouvrière qui a travaillé plus, à la mère qui a compris de notre préoccupation pour les enfants.
Je m’adresse aux travailleurs des professions libérales qui ont eu une conduite patriotique, à ceux qui ont agi contre la sédition encouragée par les organisations corporatives, ordres de classe qui ne cherchent qu’à défendre les avantages que la société capitaliste n’accorde qu’à une poignée.
Je m’adresse à la jeunesse, à ceux qui chantèrent et communiquèrent leur joie et leur esprit de lutte.
Je m’adresse à l’homme du Chili, à l’ouvrier, au paysan, à l’intellectuel, à tous ceux qui seront persécutés... car dans notre pays le fascisme s’est déjà fait connaître depuis longtemps dans les attentats terroristes, faisant sauter les ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et les gazoducs, bénéficiant du silence de ceux qui avaient l’obligation d’assurer la défense... L’histoire les jugera !
Radio Magallanes sera sûrement réduite au silence, et le son tranquille de ma voix n’arrivera plus jusqu’à vous.
Peu importe, vous continuerez à l’entendre, je resterai toujours à vos côtés ; mon souvenir sera au moins celui d’un homme digne qui fut fidèle à la loyauté des travailleurs.
Le peuple doit se défendre, mais pas se sacrifier. Le peuple ne doit pas se laisser cribler ni écraser, mais il ne doit pas non plus se laisser humilier.
Travailleurs de ma patrie,
J’ai crois au Chili et en son destin. D’autres hommes sauront dépasser ce moment gris et amer où la trahison prétend s’imposer. Allez de l’avant et sachez que dans un avenir plus proche que lointain s’ouvriront à nouveau les larges avenues par où s’avancera l’homme libre pour construire une société meilleure.
Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vivent les travailleurs !
Celles-ci sont mes dernières paroles.
J’ai la certitude que mon sacrifice ne sera pas inutile ; j’ai la certitude qu’il sera tout au moins une leçon morale pour châtier la félonie, la couardise et la trahison.
Salvador Allende
samedi 16 août 2008
Menace de coup d'Etat en Bolivie...silence des médias!
Sauf à considérer que vous vous intéressez de près à la situation politique de l'Amérique Latine et aux différentes tentatives de redorer le blason du terme de démocratie, qui dans nos contrées n'en constitue plus guère qu'un parangon, vous n'avez certainement pas entendu parler de la remise en cause de son mandat, par Evo Morales en bolivie le dimanche 11 août, celle-ci a été effectuée par voie référendaire et le président bolivien a remporté 63% des voix, davantage encore qu'en décembre 2005.
Nous pourrions nous demander ce qu'a motivé ce référendum tout comme nous pourrions nous demander pourquoi NS n'en fait pas autant si la réponse à cette dernière question n'était pas si tristement évidente.
Il convient de rappeler que depuis l'indépendance de ce petit pays en 1825, son importance onomastique a pris tout son sens, le rédacteur de sa première constitution (Simon Bolivar, figure emblématique de toutes les velléités d'indépendance en Amérique Latine)lui a donné son nom, ce théoricien visionnaire qui désignait déjà les Etats-Unis comme l'ennemi auquel il faudrait s'arracher...
Force est de constater que pas moins de 180 coups d'Etats ont été fomentés par Washington et la CIA depuis lors, toutes les réformes à caractère social ont été mises à mal par l'ingérence de Washington.
Il suffit de penser au sort de Victor Paz Estenssoro et du MNR (Movimiento Nacionalista Revolucionario) qui en 1951 se voit dérober une victoire électorale par l'armée, lorsqu'en 1952, il lance une révolution, c'est pour demander de nouvelles élections, celles-ci lui permettent d'accéder au pouvoir. Il instaure alors le suffrage universel, redistribue les terres du pays (2 août 1953), améliore l'éducation de la population rurale, et nationalise les plus grandes compagnies minières du pays. Mais il est renversé par une junte militaire en 1964, laissant place à une succession de gouvernements faibles et d'Etats Militaires (Mesa, Lozada...)
Il faudra attendre décembre 2005 pour que le premier président indien soit élu à 54%, Evo Morales lance une 3ème nationalisation des hydrocarbures et s'inscrit en droite ligne de la politique sociale de Chavez, ceci est accompagné d'une occupation des champs pétrolifères, spécialement dans le sud du pays, dans le département de Tarija... et bien évidemment, le gouvernement de Washington attend depuis le moment opportun pour déstabiliser le gouvernement.
En mai 2008, un prétendu référendum d'"auto-determination" dans la région de Santa Cruz(derner bastion de l'oligarchie qui concentre une bonne partie des ressources économiques du pays) celui-ci devait permettre de diviser le pays en s'appuyant sur la volonté sécessionniste de la région par rapport au gouvernement central et entraîner ainsi une inévitable guerre civile.
Les plus grands spécialistes se sont alors insurgés et ont dénoncés cette situation dans une pétition (dont Adolfo Pérez Esquivel, Rigoberta Menchú, Noam Chomsky, Ignacio Ramonet...) dénoncaient « la conspiration pour diviser la Bolivie » et appelaient à « soutenir le Président Evo Morales ».
Extrait de cette pétition: « en Bolivie, le processus de changements pour les majorités court le risque d’être brutalement restreint. L’arrivée au pouvoir d’un président indigène, élu avec un soutien sans précédent dans ce pays, et ses programmes de bénéfice populaire et de récupération des ressources naturelles, ont dû affronter dès les premiers moments les conspirations oligarchiques et l’ingérence impériale.
Récemment, l’escalade conspirative a atteint ses niveaux maximaux. Les actions subversives et anticonstitutionnelles avec lesquelles les groupes oligarchiques prétendent diviser la nation bolivienne, reflètent la mentalité raciste et élitiste de ces secteurs et constituent un très dangereux précédent, non seulement pour l’intégrité de ce pays, mais aussi pour celle d’autres pays de notre région..."
Preuve s'il en était besoin du brouillage médiatique qui sévissait alors et qui continue aujourd'hui de passer sous silence une situation des plus critiques, une véritable épée de Damoclés est prête à s'abattre sur la Bolivie et il ne tient qu'à nous de soutenir le choix du peuple bolivien qui sait bien, lui, où sont ses intérêts, il ne tient qu'à nous de dénoncer cette politique conspirative pour que l'élan démocratique et social en Amérique Latine ne soit pas réduit à un coup d'épée dans l'eau (pour filer la métaphore).
Morales joue donc le quitte ou double, en misant sur le large soutien dont il jouit chez les populations indigènes, paysannes et ouvrières. L'autre chemin, celui de la négociation avec les préfets radicaux de la dénommée "Demi Lune", des départements de Beni, Pando, Tarija et Santa Cruz, ayant échoué.
Des réferendums pour l'autonomie ont été organisés dans ces régions sans observateurs nationaux ni internationaux, même l'OEA (qui n'est pourtant pas connue pour son penchant progressiste n'a pas envoyé d'agent). Ces réferendums déclarés illégaux par la CNE (Cour Nationale électorale) se sont soldés par une abstention massive des masses ouvrières et paysannes soutenant l'unité constitutionnelle de la Bolivie, et ce malgré la réunion des forces d'extrême droite tel que la Unión Juvenil Cruceñista de Santa Cruz.
Morales dérange à plus d'un titre et il n'est pas étonnant de voir que les médias européens taisent les agissements de l'ambassadeur américain Goldberg et évitent de parler du rôle de l'extrême droite dans la menace de coup d'Etat qui plane au dessus de la Bolivie,( il suffit, pour s'en convaincre de jeter un oeil sur la lettre ouverte d’Evo Morales, à propos de la "directive retour" de l’Union Européenne le 15 juin 2008 (www.legrandsoir.info/spip.php?article6789
Alors restons vigilant et soutenons tous les efforts faits pour que le terme de démocratie cesse d'être galvaudé et souvenons-nous qu'oublier l'histoire c'est se condamner à la revivre.
Voilà ce que rappelle très justement le grand spécialiste belge de l'Amérique Latine à propos de l'ambassadeur des Etats-unis:
"Pourquoi a-t-on exporté Goldberg des Balkans à la Bolivie ? Pour transformer, j’en suis sûr, ce pays en une nouvelle Yougoslavie. Le séparatisme est une méthode privilégiée par les Etats-Unis pour reprendre le contrôle de richesses naturelles ou de régions stratégiques lorsque des gouvernements se montrent trop indépendants, trop résistants aux multinationales."
N'oublions pas non plus l'existence d'une base militaire des Etas-Unis au Paraguay installée après le 11 septembre 2001 pour lutter contre... contre quoi au juste?
samedi 26 juillet 2008
Dostoievski l'incontournable!
Il en est de la lecture comme d'un divan, on la voudrait confortable voire réconfortante, telle une réminiscence de ce que l'enfance comporte de plus tendre. L'Homme entré dans l'âge obscure que l'on qualifie (pour se rassurer)d'"adulte" a toujours, souvent malgré lui, quelque faille de son être où le merveilleux pénètre subrepticement, quelque aspérité de son existence où le sentiment vital de l'enfant qui s'ennuie se vautre jusqu'à l'abandon.
Le plaisir du lecteur, ce n'est rien d'autre que l'Homme et l'enfant réconciliés, et cet armistice n'est rendu possible que par identification et empathie avec les personnages, héros ou antihéros, avec nous même en somme.
Cette relation charnelle avec le corps du texte, cette façon que l'on a de caresser des pages inconnues comme pour en révéler le mystère, cette soif d'absolu qui nous gagne lorsque l'on reprend le fil de la lecture, en dit long sur la nécessaire correspondance d'une solitude à l'autre au delà des siècles, relève bel et bien du plaisir...
Il existe donc un érotisme littéraire très bien sentie par R.Barthes en ceci que le plaisir ne mène à la jouissance qu'à la condition sine qua none d'une mise en danger:
"celui qui met en état de perte, celui qui déconforte (peut-être jusqu'à un certain ennui), fait vaciller les assises historiques, culturelles, psychologiques, du lecteur, la consistance de ses goûts, de ses valeurs, et de ses souvenirs, met en crise son rapport au langage." (Plaisir du texte, 1973.)
On ne peut bien comprendre cette idée que si, par bonheur, le désir nous prend de nous attaquer (et j'emploie ce mot à dessein) à un auteur tel que Dostoievski et nous plonger dans les affres de la pensée russe du milieu du XIXème siècle, alors... alors... loin de l'hiver sibérien auquel on s'attend, loin de cette dimension religieuse qui a concentré l'essentiel des exégèses sur "Crime et Châtiment"
L'écriture passionnée, épileptique nous plonge dans une fièvre cérébrale pour le moins inattendue, une intensité permettant de surpasser ce déferlement de noms russes qui perd le lecteur et l'oblige presque à l'amnésie jusqu'à la perte de lui-même.
De l''étudiant pauvre de "Crime et Châtiment" qui, sous l’influence de théories mal digérées, décide de tuer une horrible vieille usurière, qui n’est utile à personne. Dans ce roman à la structure policière décrivant un crime parfait, Pas de suspense extérieur : une pénétration psychologique de Raskolnikov qui ne cherche pas, comme on l'entend trop souvent dire, le repentir, par ce qu'il n'y a précisément pas d'absolution possible selon F.Doestievski, pas de rachat de l'âme mais une victoire de la conscience devant l'étendu de ses responsabilités... idée qui impressionna Nietzsche à la lecture du roman!
Au prince Mychkine, "L'idiot", en proie dans sa jeunesse à des vertiges étranges après un amour malheureux, dont on se rend compte assez vite qu'il est d'une intelligence supérieure, celui-là est seul face à tous. Il bouleverse les conventions sociales sans le vouloir. Il est le héros tragique de la société moderne dans une perspective hegelienne. Il est la fragilité même. C’est de cette fragilité qu’il tire sa force, ses pouvoirs. Il fascine tous les autres (Aglaia, le Général Rogogine et surtout... la Nastassia filipovna et son insondable mystère). Perdu dans cet déstructuration du temps, dans l'épaisseur existentielle de tous les personnages sans exception, le lecteur ne se retrouve pas à proprement parler dans ce personnage mais s'y abandonne et s'y perd tout à fait.
Ce personnage qui focalise l'attention car on le croit malade est sauvé par son talent d'écriture découvert par le général Epantchine. il connaît les écritures anciennes et son intérêt pour le poème de pouchkine "le chevalier pauvre" mis en relation avec l'évocation du Quichotte n'est pas anodin. Beaucoup a été dit sur ce personnage notamment qu'il est une figure christique, or il n'a pas de message à délivrer, il est plutôt, à l'image de son créateur, un point d'interrogation sur la foi et sur lui-même. Son insatiable besoin de vie qui le soulage du poids de l'existence, qui lui gonfle la poitrine lorsque les rouages de la société hiérarchisée et repliée sur elle-même lui deviennent insoutenables. On remarquera que même au beau milieu de ces crises de "sueur froide" de ces "ténèbres glaciales de l'âme", son visage mortifié esquisse toujours un léger sourire de contentement.
Sa force réside précisément dans son mystère que les autres prennent pour une maladie... dans ce plongeon vertigineux qui le fascine et terrorise ceux qui l'entourent.
L'idiot résume à lui seul toute la puissante écriture de Dostoievski et la profondeur du portrait qu'il fait de l'âme russe dans son oeuvre: une âme chargée de religiosité et de scepticisme (le dialogue entre un croyant et un sceptique apparaît souvent dans ses oeuvres). Ce questionnement glacial et métaphysique n'épargne rien, ni son âme "malade"... ni la nôtre, il nous laisse comme mortifié à notre tour.
On perd pied face à l'immensité du talent, cette violence que le personnage dostoievskien génère contre lui même et qui nous arrive en plein flanc, ce n'est définitivement pas fait pour réconforter mais, bien au contraire, pour nous mettre en guerre, une guerre sensuelle ("Il n'est de pire peine que d'être en paix pour des amants..." disait le grand Jacques), cet univers nous arrache au divan, nous met en arme et nous porte jusqu'à cette fascinante victoire qu'est la jouissance.
Le plaisir du lecteur, ce n'est rien d'autre que l'Homme et l'enfant réconciliés, et cet armistice n'est rendu possible que par identification et empathie avec les personnages, héros ou antihéros, avec nous même en somme.
Cette relation charnelle avec le corps du texte, cette façon que l'on a de caresser des pages inconnues comme pour en révéler le mystère, cette soif d'absolu qui nous gagne lorsque l'on reprend le fil de la lecture, en dit long sur la nécessaire correspondance d'une solitude à l'autre au delà des siècles, relève bel et bien du plaisir...
Il existe donc un érotisme littéraire très bien sentie par R.Barthes en ceci que le plaisir ne mène à la jouissance qu'à la condition sine qua none d'une mise en danger:
"celui qui met en état de perte, celui qui déconforte (peut-être jusqu'à un certain ennui), fait vaciller les assises historiques, culturelles, psychologiques, du lecteur, la consistance de ses goûts, de ses valeurs, et de ses souvenirs, met en crise son rapport au langage." (Plaisir du texte, 1973.)
On ne peut bien comprendre cette idée que si, par bonheur, le désir nous prend de nous attaquer (et j'emploie ce mot à dessein) à un auteur tel que Dostoievski et nous plonger dans les affres de la pensée russe du milieu du XIXème siècle, alors... alors... loin de l'hiver sibérien auquel on s'attend, loin de cette dimension religieuse qui a concentré l'essentiel des exégèses sur "Crime et Châtiment"
L'écriture passionnée, épileptique nous plonge dans une fièvre cérébrale pour le moins inattendue, une intensité permettant de surpasser ce déferlement de noms russes qui perd le lecteur et l'oblige presque à l'amnésie jusqu'à la perte de lui-même.
De l''étudiant pauvre de "Crime et Châtiment" qui, sous l’influence de théories mal digérées, décide de tuer une horrible vieille usurière, qui n’est utile à personne. Dans ce roman à la structure policière décrivant un crime parfait, Pas de suspense extérieur : une pénétration psychologique de Raskolnikov qui ne cherche pas, comme on l'entend trop souvent dire, le repentir, par ce qu'il n'y a précisément pas d'absolution possible selon F.Doestievski, pas de rachat de l'âme mais une victoire de la conscience devant l'étendu de ses responsabilités... idée qui impressionna Nietzsche à la lecture du roman!
Au prince Mychkine, "L'idiot", en proie dans sa jeunesse à des vertiges étranges après un amour malheureux, dont on se rend compte assez vite qu'il est d'une intelligence supérieure, celui-là est seul face à tous. Il bouleverse les conventions sociales sans le vouloir. Il est le héros tragique de la société moderne dans une perspective hegelienne. Il est la fragilité même. C’est de cette fragilité qu’il tire sa force, ses pouvoirs. Il fascine tous les autres (Aglaia, le Général Rogogine et surtout... la Nastassia filipovna et son insondable mystère). Perdu dans cet déstructuration du temps, dans l'épaisseur existentielle de tous les personnages sans exception, le lecteur ne se retrouve pas à proprement parler dans ce personnage mais s'y abandonne et s'y perd tout à fait.
Ce personnage qui focalise l'attention car on le croit malade est sauvé par son talent d'écriture découvert par le général Epantchine. il connaît les écritures anciennes et son intérêt pour le poème de pouchkine "le chevalier pauvre" mis en relation avec l'évocation du Quichotte n'est pas anodin. Beaucoup a été dit sur ce personnage notamment qu'il est une figure christique, or il n'a pas de message à délivrer, il est plutôt, à l'image de son créateur, un point d'interrogation sur la foi et sur lui-même. Son insatiable besoin de vie qui le soulage du poids de l'existence, qui lui gonfle la poitrine lorsque les rouages de la société hiérarchisée et repliée sur elle-même lui deviennent insoutenables. On remarquera que même au beau milieu de ces crises de "sueur froide" de ces "ténèbres glaciales de l'âme", son visage mortifié esquisse toujours un léger sourire de contentement.
Sa force réside précisément dans son mystère que les autres prennent pour une maladie... dans ce plongeon vertigineux qui le fascine et terrorise ceux qui l'entourent.
L'idiot résume à lui seul toute la puissante écriture de Dostoievski et la profondeur du portrait qu'il fait de l'âme russe dans son oeuvre: une âme chargée de religiosité et de scepticisme (le dialogue entre un croyant et un sceptique apparaît souvent dans ses oeuvres). Ce questionnement glacial et métaphysique n'épargne rien, ni son âme "malade"... ni la nôtre, il nous laisse comme mortifié à notre tour.
On perd pied face à l'immensité du talent, cette violence que le personnage dostoievskien génère contre lui même et qui nous arrive en plein flanc, ce n'est définitivement pas fait pour réconforter mais, bien au contraire, pour nous mettre en guerre, une guerre sensuelle ("Il n'est de pire peine que d'être en paix pour des amants..." disait le grand Jacques), cet univers nous arrache au divan, nous met en arme et nous porte jusqu'à cette fascinante victoire qu'est la jouissance.
mercredi 16 juillet 2008
Colombie: Après le tsunami médiatique...la lame de fond?
A ceux qui se sont naïvement gargarisés de la victoire de l'armée colombienne et comme par écho du gouvernement Uribe, criant à la victoire de la démocratie, glorifiant à l'instar de Mme Bétancourt Dieu, l'armée et Sarkozy... En réaction presque épidermique à ce déferlement médiatique ad nauseam de bons sentiments, à cette manipulation unanimiste et personnalisée de "l'info", il serait peut-être bienvenue de parler de la nature et des méthodes employées pour asphyxier toute les velléités de résistances dans ce régime autoritaire militarisé et les conséquences d'un gouvernement qui a demissionné depuis longtemps déjà...
En ce qui concerne le droit des travailleurs:
Certaines entreprises nationales et multinationales semblent s’être dotées d’un plan systématique pour détruire les organisations syndicales. C’est notamment le cas de la multinationale espagnole Union Fenosa et de sa filiale colombienne Electricaribe, que le syndicat des travailleurs de l’électricité de la Colombie (SINTRAELECOL) accuse de recourir à une stratégie basée sur le harcèlement, la persécution et des actions répressives et illégales contre les travailleuses et les travailleurs pour annihiler l’organisation syndicale.
Elles auraient notamment recours à des procédures fallacieuses pour licencier des employés conformément aux quotas de réduction mensuels des effectifs imposés par la direction générale en Espagne, réduisant, par là-même, le pourcentage de personnel couvert par la convention collective et affilié à SINTRAELECOL.
Deux travailleurs qui avaient eu l'"impertinence" de se syndiquer se sont fait descendre le 25 juin dernier, ce qui élève le nombre de syndicalistes tués depuis le début de l'année à 28 hommes, voilà la politique répressive d'un régime dit "démocratique" que certains ne cessent, depuis quelques temps, de porter aux nues.
Cependant, on ne saurait comprendre la situation critique de l'Amérique Latine et l'importance de toutes les revendications sociales, économiques et identitaires sans évoquer le rôle déterminant de Washington et de sa volonté expansionniste.
C'est l'ensemble des droits fondamentaux des travailleurs qui se voient foulés aux pieds par les investisseurs étrangers et par le droit d'ingérence que se sont octroyé les Etats-Unis depuis près de deux siècles. Washington a plus que jamais dans l'idée que l'Amérique latine tombera inéluctablement dans leur piège impérialiste. L'ensemble des dispositions quasi messianiques telles que la garantie de la sécurité, la stabilité politique et économique n'a fait qu'accentuer les situations de crise à l'aune de mesures qui, dès le XIXème siècle, visaient à installer l'hégémonie des Etats-Unis: La Doctrine Monroe (1823) et le morbide manifest destiny(1840'-1850').
Qu'en est-il du sort des peuples indigènes en Amérique latine?
Les Koguis en Colombie, les Mapuches Du Chili, les indiens du Chiapas...?
Des situations différentes à bien des égards (dû à la singularité de ces pays latino-américains, à leurs spécificités historiques et politique) mais tragiquement similaires en ce qu'elles relèvent de la négation pure et simple de l'Humain et de ses droits universels.
Ces peuples sont littéralement pris à la gorge par ceux dont ils rejettent moins le mode de vie que l'ignorance et la barbarie dont ils font preuve. Ils sont traqués, arrachés à leurs terres, leur culture est méprisée par ceux qu'ils appellent de façon significative leurs "petits frères", contraints de se réfugier dans les montagnes, ils ne peuvent cultiver que des terres pauvres. Cinq années sont nécéssaires pour enrichir la terre mais sitôt que l'endroit où ils se sont installé devient "vivable" leurs cultures sont brûlées par les pesticides envoyés dans le cadre du plan Columbia, comme le disent les Koguis de la Sierra Nevada "nous sortir de notre environnement c'est nous mettre en prison".
Voilà en substance, la violation des droits Humains, du droit des travailleurs les plus fondamentaux dénoncée par les plus hautes instances du TPP (Tribunal Populaire des Peuples) qui se perpétuent loin, très loin des JT européens.
NB: Des leaders syndicaux du Canada représentant un million de travailleurs se rendront en Colombie fin juillet pour évaluer la situation des droits de la personne, affaire à suivre...
Sources:
L'Etat militaire en Amérique Latine, éditions du Seuil, (1982).
Le monde diplomatique, juillet 2008.
risal.collectifs.net/ - 51k -
En ce qui concerne le droit des travailleurs:
Certaines entreprises nationales et multinationales semblent s’être dotées d’un plan systématique pour détruire les organisations syndicales. C’est notamment le cas de la multinationale espagnole Union Fenosa et de sa filiale colombienne Electricaribe, que le syndicat des travailleurs de l’électricité de la Colombie (SINTRAELECOL) accuse de recourir à une stratégie basée sur le harcèlement, la persécution et des actions répressives et illégales contre les travailleuses et les travailleurs pour annihiler l’organisation syndicale.
Elles auraient notamment recours à des procédures fallacieuses pour licencier des employés conformément aux quotas de réduction mensuels des effectifs imposés par la direction générale en Espagne, réduisant, par là-même, le pourcentage de personnel couvert par la convention collective et affilié à SINTRAELECOL.
Deux travailleurs qui avaient eu l'"impertinence" de se syndiquer se sont fait descendre le 25 juin dernier, ce qui élève le nombre de syndicalistes tués depuis le début de l'année à 28 hommes, voilà la politique répressive d'un régime dit "démocratique" que certains ne cessent, depuis quelques temps, de porter aux nues.
Cependant, on ne saurait comprendre la situation critique de l'Amérique Latine et l'importance de toutes les revendications sociales, économiques et identitaires sans évoquer le rôle déterminant de Washington et de sa volonté expansionniste.
C'est l'ensemble des droits fondamentaux des travailleurs qui se voient foulés aux pieds par les investisseurs étrangers et par le droit d'ingérence que se sont octroyé les Etats-Unis depuis près de deux siècles. Washington a plus que jamais dans l'idée que l'Amérique latine tombera inéluctablement dans leur piège impérialiste. L'ensemble des dispositions quasi messianiques telles que la garantie de la sécurité, la stabilité politique et économique n'a fait qu'accentuer les situations de crise à l'aune de mesures qui, dès le XIXème siècle, visaient à installer l'hégémonie des Etats-Unis: La Doctrine Monroe (1823) et le morbide manifest destiny(1840'-1850').
Qu'en est-il du sort des peuples indigènes en Amérique latine?
Les Koguis en Colombie, les Mapuches Du Chili, les indiens du Chiapas...?
Des situations différentes à bien des égards (dû à la singularité de ces pays latino-américains, à leurs spécificités historiques et politique) mais tragiquement similaires en ce qu'elles relèvent de la négation pure et simple de l'Humain et de ses droits universels.
Ces peuples sont littéralement pris à la gorge par ceux dont ils rejettent moins le mode de vie que l'ignorance et la barbarie dont ils font preuve. Ils sont traqués, arrachés à leurs terres, leur culture est méprisée par ceux qu'ils appellent de façon significative leurs "petits frères", contraints de se réfugier dans les montagnes, ils ne peuvent cultiver que des terres pauvres. Cinq années sont nécéssaires pour enrichir la terre mais sitôt que l'endroit où ils se sont installé devient "vivable" leurs cultures sont brûlées par les pesticides envoyés dans le cadre du plan Columbia, comme le disent les Koguis de la Sierra Nevada "nous sortir de notre environnement c'est nous mettre en prison".
Voilà en substance, la violation des droits Humains, du droit des travailleurs les plus fondamentaux dénoncée par les plus hautes instances du TPP (Tribunal Populaire des Peuples) qui se perpétuent loin, très loin des JT européens.
NB: Des leaders syndicaux du Canada représentant un million de travailleurs se rendront en Colombie fin juillet pour évaluer la situation des droits de la personne, affaire à suivre...
Sources:
L'Etat militaire en Amérique Latine, éditions du Seuil, (1982).
Le monde diplomatique, juillet 2008.
risal.collectifs.net/ - 51k -
jeudi 3 juillet 2008
Colombie: petit état des lieux
Les FARC sont loin d'être des enfants de coeur, et loin de moi l'idée d'en faire l'apologie ceci dit, avant d'avancer des termes par trop réducteurs "( des assassins, des terroristes, des voyous.. )", il conviendrait de préciser que la situation en Colombie est beaucoup plus complexe que cela, et ce, depuis le début du XXème siècle.
Comme dans d'autres Etats-militaires en Amérique Latine, l'armée colombienne est née sous l'égide des différents partis conservateurs des trente premières années du siècle dernier.
C'est depuis 1948, lors du coup d'Etat que l'on appelle le "Bogotazo" et l'assassinat du libéral populiste Gaitán, que l'armée régulière a pu participer directement au pouvoir étatique et gouvernemental, provoquant une répression sans précedent.
Uribe représente le pendant contemporain, autoritaire et démocratique du dictateur militaire Augusto Pinochet qui a dirigé le Chili durant la guerre froide. Tout au long des années 70 et 80, une part significative de la population chilienne a soutenu les politiques autoritaires de Pinochet qui ont accordé la priorité à la sécurité et à la croissance économique au détriment de la défense des droits de l’Homme. Alors que Pinochet excellait dans l’art de faire « disparaître » ses opposants, le nombre de Colombiens « disparus » durant le premier mandat d’Uribe (2002-2006) excède le nombre total de Chiliens disparus durant les dix-sept ans de dictature militaire... à cela il faut rajouter les 3 millions de personnes "déplacées"!
En outre, le terrorisme d'Etat en Colombie ressemble à s'y méprendre à celui de Pinochet, il a été largement documenté par Amnesty, Human Rights Watch et de nombreux autres groupes: Dans une étude de 31.656 cas d’assassinats et disparitions entre 1996 et 2006, la Commission Colombienne de Juristes a découvert que 46 pour cent des meurtres avaient été commis par les escadrons de la mort et autres AUC et 14 pour cent par les FARC. Les paramilitaires étaient responsables de plus de 3 millions de personnes déplacées dans le pays. Cette misère est le résultat de la soi-disant « guerre contre la drogue » du Plan Colombie, dont le véritable objectif est l’élimination des FARC, étrangement semblable au fameux plan Condor de Pinochet des Etats-Unis.
A ceux qui rétorqueraient que Uribe a été réelu en 2006 par plus de 60% des colombiens...
-En Colombie, le taux de participation dépasse très rarement 45%, cela est loin de représenter l'ensemble du peuple colombien, et ça, sans compter les pressions des para-militaires régularisés par la para-politique d'Uribe!
A ceux qui avanceraient que le coup d'Etat et le régime dictatorial de Pinochet ne peut être comparer au régime démocratique de Uribe...
N'oublions pas qu'en 1980, Pinochet est devenu président de la république dans le cadre d'un régime constitutionnel!
Enfin a tous ces gens qui ont tôt fait d'adopter les offuscations et les scandales de la déesse aux cent bouches muselées...
Je demanderais:
-Avons-nous entendu des gens s'offusquer de la réforme constitutionnelle sur le renouvellement du mandat présidentiel par Uribe?
-Disposons-nous d'autres informations que celles transmises par le gouvernement colombien sur les circonstances de la libération?
- savez-vous qu'une rencontre était prévue entre R.Reyes et un représentant de l'ONU?
-Comment les fameux ordinateurs remis par le gouvernement colombien à interpol aurait-ils pu résister au bombardement qui a tué Reyes?
M. Uribe devait de toute urgence dévier l’attention internationale du scandale de la « parapolitique » dans lequel il est chaque jour davantage empêtré. Ce scandale met en cause depuis 2007 les criminelles alliances de la classe politique avec la mafia des narco-paramilitaires, qui bénéficient d’un processus de démobilisation déjà très controversé (amnistie pour leurs atrocités au nom d'une politique mafieuse ironiquement appellé "justicia y paz") et critiqué par les organismes de défense des droits humains.
Ce que l'on nous présente aujourd'hui comme une victoire de la démocratie est une victoire de la liberté, certe, mais il ne faut pas oublier la manipulation politique qui apparaît en filigrane. En mai dernier a eu lieu un nettoyage de printemps: l’extradition des quinze chefs « paras » les plus importants aux Etats-Unis et ceux-là se sont mis a parlé des liens étroits qui unissent le gouvernement Uribe et les narco-trafiquants, de même les exactions les plus meurtrières sont celles des Para-militaires qui ne laissent comme choix aux paysans colombiens (vous savez, ceux que l'on entend jamais ou que l'on entendra plus!) qu'entre l'expropriation et la mort...
Alors pensons à ceux qui sont encore dans la jungle mais n'oublions pas les milliers de prisonniers politiques (syndicalistes, intelectuels...), de fait Uribe a toujours considéré que l'une des méthodes de recrutement de l'ELN était les branches syndicales et étudiantes et cela lui suffit pour expliquer les assassinats de quelques uns parmi les 470 "disparitions" depuis 2002, ceux-là même qui croupissent dans les geôles d'un régime dangereusement proche de celui de Pinochet, utilisant d'autres armes tout aussi efficaces et qui aujourd'hui est applaudi par l'opinion internationale!!!
Laissons la parole aux paysans colombiens qui parlent d'une autre forme de terrorisme:
ps: Un saludo a las luchas del pueblo Mapuche
vendredi 16 mai 2008
De Nietzsche à la conscience collective aujourd'hui
Un siècle entier, même le plus destructeur de toute l'histoire de l'humanité, ne suffit guère à annihiler la pensée, Nietzsche fut bel et bien un visionnaire car il avait perçu la crise métaphysique qui allait faire de l'homme une formidable machine d'autodestruction. Ce philosophe rejeté à tout le moins dans la terrifiante obscurité du néant n'en est pas moins l'un des maîtres à penser de l'Occident, son enseignement a malheureusement été récupéré par les nazis pour mener à bien leur entreprise du pire.
La pensée nietzschéenne est à ce point complexe qu'elle a conduit à des interprétations fallacieuses et destructrices, mais il ne s'agit absolument pas d'un système de pensée figé. Ce que dit Nietzsche, en substance, c'est de la matière à penser la responsabilisation, Il arrache la liberté de son au-delà mythique et replace son couronnement tout au creux des mains de l'homme.
Dans "la naissance de la tragédie", Nietzsche rappelle la dichotomie inhérente à l'être, sa dimension apollinienne( liées à toutes les facultés créatrices de formes, de logos, de mythes et de religions) et sa dimension dionysiaque (liées à l'ivresse des profondeurs de l'être lorsque l'homme reconnaît en lui-même l'autre comme un frère), ces deux instincts de la mesure et de la démesure qui forment l'équation à une inconnue: l'être.
L'homme pris entre ces deux mondes du rêve et de l'ivresse devient artiste à mesure qu'il se défait de son destin, selon le philosophe, le principe d'individuation (fléau de notre siècle) ne peut se combattre que par la résurgence de "l'Un primordiale", cette matrice de l'humanité qui lui confère un seul et même but (la concorde), là où il n'y a de guerre que celle des idées. En réalité, Nietszche parle ni plus ni moins que de la solidarité et cela relève autant d'un pur instinct de conservation que d'une haute idée de la conscience collective défaite de la morale judéo-chrétienne.
La volonté de puissance exprimée par le philosophe ne relève ni de la violence sur l'autre ni de la domination de quelques privilégiés, c'est tout simplement l'inverse, c'est la somme des forces d'un individu qui le font aspirer à un plus haut degré de liberté, il s'agit d'une guerre intestine contre soi-même, contre tout ce qui nous incline et nous fait croire que nos chaînes sont indestructibles et qu'il nous faut les porter avec courage et abnégation.
NS, aussi inculte soit-il, suit (contrairement à ce que l'on nous dit)une ligne politique car il a bien compris que cette crise de la pensée était un terreau fertile, que la culpabilisation était l'arme absolu contre toute revendication de liberté et de justice, l'homme sans dieu perdu dans les méandres de l'existence craint l'autre parce qu'il a peur de lui même et de l'horizon qui s'offre à lui, s'il n'est pas conscient de sa puissance en tant qu'individu, il ne peut comprendre la force de l'union et en cela peut-être Marx et Nietzsche n'étaient pas si en désaccord.
Lors même que la liberté est assaillie de toutes parts et que des individus luttent pour l'intérêt collectif, on trouve toujours en face des esclaves désabusés pour nier jusqu'à l'évidence de leur condition, pour se déresponsabiliser du sort qui les attend, pour se réfugier dans un semblant de conscience fondée sur la morale et son néfaste corollaire... la culpabilité.
"La morale qui est ici en vigueur exige assurément quelque chose d’inverse, en l’espèce une culture rapide, pour que l’on puisse rapidement devenir un être qui gagne de l’argent, mais aussi une culture assez approfondie pour que l’on puisse devenir un être qui gagne beaucoup d’argent. On ne permet la culture à l’homme qu’en proportion de ce que demande l’intérêt du gain, mais c’est aussi dans la même proportion qu’on l’exige de lui."
NIETZSCHE, Sur l’avenir de nos établissements d’enseignement (1872), traduction Backès, Idées/Gallimard, 1973, p. 43-47
La lutte des classes n'a pas cessé et lorsque Nietzsche parle de "la puissance de la volonté" il parle de forts et de faibles, en réalité, il souligne (et Alain après lui) que n'est vraiment esclave que celui qui est pétri de "mauvaise conscience" car il refoule ses "instincts de liberté". Les faibles sont précisément ces victimes de l'illusion: il s'agit autant de ceux qui croient dominer que de ceux qui pensent que le combat est vain.
Le style est sombre mais l'idée est claire, lumineuse...foudroyante(?): la force n'est jamais du côté des oppresseurs.
Más oscura está la noche más cerca está el despertar!
GREVE GENERALE!!!
La pensée nietzschéenne est à ce point complexe qu'elle a conduit à des interprétations fallacieuses et destructrices, mais il ne s'agit absolument pas d'un système de pensée figé. Ce que dit Nietzsche, en substance, c'est de la matière à penser la responsabilisation, Il arrache la liberté de son au-delà mythique et replace son couronnement tout au creux des mains de l'homme.
Dans "la naissance de la tragédie", Nietzsche rappelle la dichotomie inhérente à l'être, sa dimension apollinienne( liées à toutes les facultés créatrices de formes, de logos, de mythes et de religions) et sa dimension dionysiaque (liées à l'ivresse des profondeurs de l'être lorsque l'homme reconnaît en lui-même l'autre comme un frère), ces deux instincts de la mesure et de la démesure qui forment l'équation à une inconnue: l'être.
L'homme pris entre ces deux mondes du rêve et de l'ivresse devient artiste à mesure qu'il se défait de son destin, selon le philosophe, le principe d'individuation (fléau de notre siècle) ne peut se combattre que par la résurgence de "l'Un primordiale", cette matrice de l'humanité qui lui confère un seul et même but (la concorde), là où il n'y a de guerre que celle des idées. En réalité, Nietszche parle ni plus ni moins que de la solidarité et cela relève autant d'un pur instinct de conservation que d'une haute idée de la conscience collective défaite de la morale judéo-chrétienne.
La volonté de puissance exprimée par le philosophe ne relève ni de la violence sur l'autre ni de la domination de quelques privilégiés, c'est tout simplement l'inverse, c'est la somme des forces d'un individu qui le font aspirer à un plus haut degré de liberté, il s'agit d'une guerre intestine contre soi-même, contre tout ce qui nous incline et nous fait croire que nos chaînes sont indestructibles et qu'il nous faut les porter avec courage et abnégation.
NS, aussi inculte soit-il, suit (contrairement à ce que l'on nous dit)une ligne politique car il a bien compris que cette crise de la pensée était un terreau fertile, que la culpabilisation était l'arme absolu contre toute revendication de liberté et de justice, l'homme sans dieu perdu dans les méandres de l'existence craint l'autre parce qu'il a peur de lui même et de l'horizon qui s'offre à lui, s'il n'est pas conscient de sa puissance en tant qu'individu, il ne peut comprendre la force de l'union et en cela peut-être Marx et Nietzsche n'étaient pas si en désaccord.
Lors même que la liberté est assaillie de toutes parts et que des individus luttent pour l'intérêt collectif, on trouve toujours en face des esclaves désabusés pour nier jusqu'à l'évidence de leur condition, pour se déresponsabiliser du sort qui les attend, pour se réfugier dans un semblant de conscience fondée sur la morale et son néfaste corollaire... la culpabilité.
"La morale qui est ici en vigueur exige assurément quelque chose d’inverse, en l’espèce une culture rapide, pour que l’on puisse rapidement devenir un être qui gagne de l’argent, mais aussi une culture assez approfondie pour que l’on puisse devenir un être qui gagne beaucoup d’argent. On ne permet la culture à l’homme qu’en proportion de ce que demande l’intérêt du gain, mais c’est aussi dans la même proportion qu’on l’exige de lui."
NIETZSCHE, Sur l’avenir de nos établissements d’enseignement (1872), traduction Backès, Idées/Gallimard, 1973, p. 43-47
La lutte des classes n'a pas cessé et lorsque Nietzsche parle de "la puissance de la volonté" il parle de forts et de faibles, en réalité, il souligne (et Alain après lui) que n'est vraiment esclave que celui qui est pétri de "mauvaise conscience" car il refoule ses "instincts de liberté". Les faibles sont précisément ces victimes de l'illusion: il s'agit autant de ceux qui croient dominer que de ceux qui pensent que le combat est vain.
Le style est sombre mais l'idée est claire, lumineuse...foudroyante(?): la force n'est jamais du côté des oppresseurs.
Más oscura está la noche más cerca está el despertar!
GREVE GENERALE!!!
mardi 6 mai 2008
Les mythes de la pensée "petite bourgeoise"
Les mythologies de R. Barthes auraient pu bien vite me tomber des mains tant ce technicien littéraire me faisait peur, en effet, certaines analyses comportent ce qu'on appelle en traductologie des "résistances", un lexique jargonneux, des références savantes et parfois extrêmement allusives, autant d'obstacles à surmonter pour un lecteur lambda peu coutumier de la langue de l'essayiste.
On se transforme peu à peu en une sorte d'explorateur de cette écriture hiéroglyphique, on rencontre les mêmes difficultés qu'un Champolion mais aussi les mêmes plaisirs... car le regard tantôt panoramique tantôt kaléidoscopique que Barthes pose sur la société occidentale du milieu du siècle dernier arrache les pensées de leur au-delà mythique et les enracine dans un quotidien prosaïque très signifiant.
Il décortique avec talent et un sens de la précision inouï les mythes fondateurs de la société "petite-bourgeoise" et montre combien il est important de revenir à une pensée fertile qui ne se contente pas des "pâquerettes".
L'auteur déverse un fiel intelligent sur une pensée subie et conchie le supposé "bon sens" français, celui des "petites gens" (dixit Poujade ou Raffarin), mais aussi celui des intellectuels et des critiques. Il existe, écrit-il, une "critique muette et aveugle" qui ne comprend rien à l’existentialisme ou au marxisme, et s’en vante au nom de ce bon sens pour lequel les idées trop complexes seraient inaccessibles au commun des mortels.
"Le vrai visage de ces professions saisonnières d’inculture, écrit Barthes, c’est ce vieux mythe obscurantiste selon lequel l’idée est nocive, si elle n’est contrôlée par le "bon sens" et le "sentiment".
Certains de ces textes sont inoubliables, comme « Le monde où l’on catche », témoignant, par-delà la critique, de la fascination de Barthes pour la culture populaire, ou « L’écrivain en vacances », indice de la curiosité que l’homme de lettres n’a pas encore cessé de susciter dans les mentalités françaises.
de l’abbé Pierre aux magazines (Paris-Match, Elle, etc.), du Tour de France à "l’usager de la grève"(objet de scandale pour le petit-bourgeois), on retrouve chacun de ces "mythes" dans la France d’aujourd’hui, aussi vigoureux qu’il y a cinquante ans.
Barthes a saisi, a révélé (au sens photographique du mot qu’il aimait bien) les forces négatives qui travaillaient son pays à travers quelques "clichés", ces forces ont forgé le creuset d'une pensée constipée qui stigmatise nos sociétés de façon paroxysmique, la lecture de ces articles nécessite quelques clés mais si l'on a envie d'ouvrir les portes que Barthes nous présente...on aura une lumière nouvelle sur les tares de notre société et l'on pourra tenter de construire une pensée digne de ce nom et les moyens de son action.
La pierre de touche des Mythologies de Barthes est que La pensée "petite-bourgeoise" s'exprime partout où il y a un nivellement par le bas ou le niveau d'exigence s'approche du degré zéro, on pense inévitablement au sort de l'école aujourd'hui et au refus de donner des clés (pourtant fondamentales) aux gamins, le pire c'est que ces mythes pénetrent jusqu'au discours de certains esprits de gauche sans même qu'ils s'en aperçoivent!
La simplification à l'extrême de la pensée s'incarne dans les tautologies qui polluent la réflexion et qui littéralement finissent par l'anéantir, en effet, pour Barthes qui base sa réflexion sur la sémiologie de Saussure et la sociologie marxiste, le mythe est une « Image simplifiée, souvent illusoire, que des groupes humains élaborent ou acceptent au sujet d’un individu ou d’un fait et qui joue un rôle déterminant dans leur comportement ou leur appréciation ».
Pour ne donner que deux exemples de la façon dont le mythe est véhiculé, Barthes joue sur son terrain, il analyse quelques figures rhétoriques pour le moins... éloquentes:
La vaccine - « On immunise l’imaginaire collectif par une petite inoculation du mal reconnu »: voir le pseudo- mea culpa médiatique de NS: "j'ai ma part de responsabilité"
La privation d’histoire - « Le mythe prive l’objet dont il parle de toute Histoire »: voir l'horrible discours de Dakar sur les peuples "a-historiques"
La tautologie est alors l'incarnation linguistique du mythe :
« on se réfugie dans la tautologie comme dans la peur, ou la colère, ou la tristesse, quand on est à court d’explication »: voir le discours de Latran en décembre 2007 sur la "laicité positive", ou encore l'histoire des caisses vides par exemple...
On se transforme peu à peu en une sorte d'explorateur de cette écriture hiéroglyphique, on rencontre les mêmes difficultés qu'un Champolion mais aussi les mêmes plaisirs... car le regard tantôt panoramique tantôt kaléidoscopique que Barthes pose sur la société occidentale du milieu du siècle dernier arrache les pensées de leur au-delà mythique et les enracine dans un quotidien prosaïque très signifiant.
Il décortique avec talent et un sens de la précision inouï les mythes fondateurs de la société "petite-bourgeoise" et montre combien il est important de revenir à une pensée fertile qui ne se contente pas des "pâquerettes".
L'auteur déverse un fiel intelligent sur une pensée subie et conchie le supposé "bon sens" français, celui des "petites gens" (dixit Poujade ou Raffarin), mais aussi celui des intellectuels et des critiques. Il existe, écrit-il, une "critique muette et aveugle" qui ne comprend rien à l’existentialisme ou au marxisme, et s’en vante au nom de ce bon sens pour lequel les idées trop complexes seraient inaccessibles au commun des mortels.
"Le vrai visage de ces professions saisonnières d’inculture, écrit Barthes, c’est ce vieux mythe obscurantiste selon lequel l’idée est nocive, si elle n’est contrôlée par le "bon sens" et le "sentiment".
Certains de ces textes sont inoubliables, comme « Le monde où l’on catche », témoignant, par-delà la critique, de la fascination de Barthes pour la culture populaire, ou « L’écrivain en vacances », indice de la curiosité que l’homme de lettres n’a pas encore cessé de susciter dans les mentalités françaises.
de l’abbé Pierre aux magazines (Paris-Match, Elle, etc.), du Tour de France à "l’usager de la grève"(objet de scandale pour le petit-bourgeois), on retrouve chacun de ces "mythes" dans la France d’aujourd’hui, aussi vigoureux qu’il y a cinquante ans.
Barthes a saisi, a révélé (au sens photographique du mot qu’il aimait bien) les forces négatives qui travaillaient son pays à travers quelques "clichés", ces forces ont forgé le creuset d'une pensée constipée qui stigmatise nos sociétés de façon paroxysmique, la lecture de ces articles nécessite quelques clés mais si l'on a envie d'ouvrir les portes que Barthes nous présente...on aura une lumière nouvelle sur les tares de notre société et l'on pourra tenter de construire une pensée digne de ce nom et les moyens de son action.
La pierre de touche des Mythologies de Barthes est que La pensée "petite-bourgeoise" s'exprime partout où il y a un nivellement par le bas ou le niveau d'exigence s'approche du degré zéro, on pense inévitablement au sort de l'école aujourd'hui et au refus de donner des clés (pourtant fondamentales) aux gamins, le pire c'est que ces mythes pénetrent jusqu'au discours de certains esprits de gauche sans même qu'ils s'en aperçoivent!
La simplification à l'extrême de la pensée s'incarne dans les tautologies qui polluent la réflexion et qui littéralement finissent par l'anéantir, en effet, pour Barthes qui base sa réflexion sur la sémiologie de Saussure et la sociologie marxiste, le mythe est une « Image simplifiée, souvent illusoire, que des groupes humains élaborent ou acceptent au sujet d’un individu ou d’un fait et qui joue un rôle déterminant dans leur comportement ou leur appréciation ».
Pour ne donner que deux exemples de la façon dont le mythe est véhiculé, Barthes joue sur son terrain, il analyse quelques figures rhétoriques pour le moins... éloquentes:
La vaccine - « On immunise l’imaginaire collectif par une petite inoculation du mal reconnu »: voir le pseudo- mea culpa médiatique de NS: "j'ai ma part de responsabilité"
La privation d’histoire - « Le mythe prive l’objet dont il parle de toute Histoire »: voir l'horrible discours de Dakar sur les peuples "a-historiques"
La tautologie est alors l'incarnation linguistique du mythe :
« on se réfugie dans la tautologie comme dans la peur, ou la colère, ou la tristesse, quand on est à court d’explication »: voir le discours de Latran en décembre 2007 sur la "laicité positive", ou encore l'histoire des caisses vides par exemple...
lundi 21 avril 2008
La "pauvreté moderne" ou la misère
Contrairement à ce que certains semblent penser, "ces gens" comme ils disent c'est vous, lui, moi...ils n'ont pas choisi de vivre en marge, ils ont fuit des situations souvent insoutenables dans leurs pays d'origine, il y avait encore dans leur imaginaire collectif l'idée d'une France "terre d'accueil", un eldorado démocratique, mais sous les ponts du périph' et dans la puanteur des décharges alentour il n' y a guère de place pour l'imaginaire, il n'y a que la réalité brute du matin humide et glacial qui vous gèle les os... loin, très loin de leur laisser le moindre choix!
On voyait bien quelques cartons amoncelés, des flammes dégageant de la fumée noire du côté de la villette, de Garges et Sarcelles... oui on fait semblant de ne pas voir parce que Nietzche fait encore peur et il est plus facile de partir du postulat que partout où ça sent la merde ça ne sent pas l'homme et pourtant...
On remarquera que les hommes les femmes et les enfants sont absents, ces bidonvilles ressemblent à des no man's land, à ce que Giono aurait appelé des "cimetières de surface" et pour cause: tandis que les hommes se font exploiter sur des chantiers, des femmes et des enfants aux confins de la misère sont contraints de passer leurs journées dans les décharges pour trouver de quoi ne pas crever auprès du commun des mortels...tout y sent l'abandon jusque dans les jouets rouillés des enfants et tandis qu'un rom pose un petit carton près de nous en chuchotant un triste "bonchour", notre regard glisse sur le paysage de la honte à la vitesse d'un RER.
Si seulement cette réalité pouvait clouer le bec à tous ceux qui osent encore dire: "en France personne ne crève la faim, il n'y a, par exemple, pas de bidonvilles" et autres inepties du genre.
Vouloir absolument comparer une misère à une autre et établir ainsi une espèce de hiérarchie sordide dans le malheur est en soi une absurdité mais si en plus on s'abaisse (comme s'obstinent à le faire certains économistes) à dire que l'économie de marché est la seule capable de mener à bien "la lutte contre la pauvreté" alors on se condamne à une lutte contre les pauvres, penser que dans les pays hypocritement dits "en voie de développement" il y a de la misère et que dans les "pays du Nord" il n'y a que de la pauvreté touche au non-sens!
La néfaste politique néo-libérale des pays "riches" crée ses propres laissés-pour-compte, elle en a besoin tel le diamant de son crapaud et l'inscrit dans son programme de la peur, elle prétend que produire plus et avoir une économie en croissance serait la condition sine qua non de tout combat contre la pauvreté... est-il besoin de rappeler les 35 millions de pauvres qu'abritent les Etat-Unis?
La pauvreté moderne, ce bouillon d'ordure cultivé par le gouvernement où s'agrègent la précarité, la désinformation et la peur de l'autre n'a plus rien à voir avec la pauvreté solidaire qui existait encore avant la révolution industrielle, elle est en tous points semblable à ce mot tout aussi effrayant que la réalité à laquelle il renvoie: La misère.
Une analyse très intéressante de Majid Rahnema, un philosophe qui s'est penché sur la question de la pauvreté moderne dans son livre "Quand la misère chasse la pauvreté":
"Pourquoi disons-nous sans cesse que la pauvreté est un ensemble de manques, définis par les gens du Nord et qu’ils sont seuls à même de satisfaire ? Il n’existe pas de manque en soi. Tout « manque » pose la question de son rapport avec le sujet du manque, la perception que ce dernier a de ce manque et les moyens dont il dispose effectivement pour lui apporter une réponse pratique.
Quant à l’aide aux pauvres, aujourd’hui, le mot "aide" est corrompu. On s’en sert dans l’intention de s’immuniser contre les menaces potentielles que représentent les pauvres, beaucoup plus que pour leur venir en aide."
On ne pourra plus dire qu'on ne savait pas... à l'heure où le déni de démocratie est à son paroxysme, on pourrait ajouter que l'indifférence est un déni d'humanité, on doit combattre la dérive sémantique même pour dire la réalité telle qu'elle est... misérable!!!
Réveillons-nous!!!
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