samedi 19 janvier 2008

Quant au p'tit matin devant le café noir, le noir de la nuit en moi ressurgit, j'ai beau le saturer d'"or blanc" comme dirait E.Galeano et jouer les alchimistes pour trouver quoique ce soit dans le monde de philosophale, je n'ai sous les yeux rien d'autre qu'une vaste nébuleuse, un infini concentré dans une pauvre tasse à café. Il se dégage des volutes bleuâtres chargeant mes yeux mi-clos d'une inextinguible amertume. La bête s'éveille dans le calme rassurant du matin, arraché à la nuit, le jour tremble encore de ces luttes acharnées.
Une avalanche de mots qui ne demandent qu'à se recoucher, un imbroglio de faisceaux m'électrisent les axyomes, me rappellent tout à coup à ma condition d'homme. Je n'ai encore pas plus de vie que cette cuillère plongée dans l'obscure liquide, ce corps qui vient pourtant créer l'illusion et vérifier la physique d'Archimède, exerce une action, crée un mouvement et bouleverse tout un monde en entrant dans l'histoire. Une main vient la saisir machinalement et précipite, par un geste circulaire, cette tornade qui n'a désormais plus rien d'innofensif, comprend dans sa nature même, non pas un désir de révolte, ni même un projet mais une révolte en acte...
Cette main qui a généré ce phénomène c'est la mienne, j'existe et suis responsable autant de mes actes que du monde alentour...
Du café au monde, de l'existence à l'essence, de la bête à l'homme:" Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité... Il est impossible d'apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres." Sartre

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