samedi 23 février 2008

La peur du vide


Pieter Claesz (1628)



La société dans laquelle nous avons à vivre est une société du remplissage, une technique bien connue des romanciers, parmi les plus grands, de Balzac à Proust, mais cette façon de faire propre à la littérature qui n'est jamais qu'une compensation au manque d'inspiration n'ôte rien au génie du style, à la puissance de l'écriture...
En revanche, le "remplissage" est venu s'emparer de l'esprit de nos contemporains, il est un mur qui devrait être l'objet des colères et qui s'avère être ce qui nous empêche de tomber, du moins, le croit-on! La crise politique, sociale, économique a toujours été un bon baromètre pour mesurer le climat existentiel de nos contemporains, elle n'est que l'écho laissé par nos vies d'homme dans le vide de feu nos passions...
On veut nous soustraire au plaisir vertigineux du vide, c'est pour cette raison que le concept de "vacances"(éthymologiquement: "le vide") tend à disparaître au profit de "loisirs". On nous martèle au quotidien de pubs, de sites de rencontre, de voyages organisés comme si on n'était jamais heureux qu'à plusieurs, comme si l'esprit avait besoin de quelque chose, de n'importe quoi, pour s'enrichir, comme si le temps qui nous reste à vivre accélérait sa course lorsque l'on ne fait rien.

Aujourd'hui, NS fait oeuvre de remplissage,il se sert de cette peur si caractéristique de notre époque, pour prôner un retour à Dieu, en revenant sur le concept nietzschéen de la mort de Dieu et de la place laissée vacante par lui.
Mais cette résurgence du "no future", ce sentiment tragique de la vie tel que l'a formulé M.Unamuno, envahit les esprits et gonfle les veines, il est une arme imparable contre le processus d'abrutissement que met en place le gouvernement.

Cette peur du rien est intrinsèquement liée à notre peur de la mort ("Vanités des vanités...") au grand sablier de Saturne qui n'épargnera personne, seulement voilà...notre conception occidentale du temps est linéaire et, tel un tapis roulant, nous emmène irrémédiablement vers la même fin, or dans les civilisations orientales le temps est circulaire et le remplissage n'a aucune prise sur cette réversibilité.
Autrement dit, le vide considéré par certains comme une petite mort n'est autre chose que l'espace nécessaire à l'être, la page blanche de notre existence sur laquelle on va pouvoir projeter nos angoisses, nos désirs, notre opiniâtreté à ne pas mourir...ce vide en substance, c'est la vie!!!

Alors, laissons-nous aller...à la vie, je ne peux que vous inviter à vous poser, à l'échange avec un ami vrai, à écouter un bon disque, à lire un bon livre, à vous connaître un peu mieux dans la solitude socratique, mais encore une fois, il ne s'agit pas d'être dans la contemplation passive mais dans l'action vers soi pui vers l'autre, tout simplemnt parce que l'agitation est une pathologie et n'a rien à voir avec l'activité, tout simplement parce que s'il y a une mort dont on doit avoir peur c'est la mort des idées qui ont de moins en moins d'espace pour se développer.
L'idée naît précisément dans ces moments de crise, dans ces espaces vides.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

ça fait du bien tout simplement...je ne comprends pas bien pourquoi les gens ne disent pas ne serait-ce que ce qu'ils en pensent...!

Anonyme a dit…

Bonjour ici

j'aime bien le titre de votre blog
c'est tout à fait dans le ton du moment

sinon rendez-vous dans 5 ans ou avant ...

Anonyme a dit…

non, on n'attendra pas 5 ans, j'en ai l'intime conviction si tant best que l'on s'organise à temps et qu'une véritable unité dans l'action ait lieu (une coalition des forces anti-libérales), il faut en finir avec ces gueguerres intestines entre LO-LCR...réunissons-nous sur le fond puis réfléchisons sur la forme...le reste c'est un combat orgueil pour orgueil ui ne fait que discréditer toute vélléité d'action!!!
Quant au titre du blog, je ne sais pas s'il est dans l'air du temps mais ce qui est sûr c'est qu'il a quelque chose d'a-historique...dans mon idée du moins!