samedi 9 février 2008

Viens, Fouad viens!

Une chambre crasseuse, un lit bien-sûr y trône, donnant un semblant de contenance à ce taudis, une maigre moquette, qui n'a absolument rien à voir avec celle de l'Elysée, est déchirée par endroits, sur les murs une peinture craquelée sous l'effet de l'humidité ambiante.
Tout, tout respire la mort et suinte l'alcool de la veille, mais le lendemain, le terrible lendemain baudelairien...c'est aujourd'hui. Dans ce petit paradis à cafards, un carton déplié recouvre le lit et tremble comme on tremble de froid, puis se soulève et s'envole brusquement sur une sonnerie retentissante, une abominable sonnerie de portable venue fracasser le silence. Ce bruit scandaleux vient s'ajouter à l'odeur nauséabonde de la pièce, ce genre de réveil qui vous promet une belle journée de merde...

Une masse informe remue dans le plumard, sous une vieille couverture miteuse, qui laisse entrevoir deux mains d'hommes, se trouve un être à la peau visqueuse, il se lève de rage et découvre en face de lui un pauvre miroir à son image, peu à peu apparaît un visage buriné d'en avoir trop vu, d'en avoir trop bu.
-Qu'est-ce qu...putain c'est un cauchemar!
(puis revêtant la couverture sur ses épaules il la rejette en arrière comme une distinction royale, il bute dans un pack de kro en s'approchant de la fenêtre)
-ah ouais...les proprios! ça fait deux longs jours et deux interminables nuits que je tourne en rond dans ce trou à rat, on m'avait bien dit de ne pas fourrer mon tarbouif dans cette affaire qui sent le pourri à plein nez. Qui est cet enflé qui m'appelle à cette heure, il est quelle heure d'ailleurs...?
Il règne un silence de mort dans cet hôtel particulier de Belleville, ses contemporains de pallier sont partis se faire exploiter dès l'aube dans les chantiers ou dans les 200m²(payés au prix d'un HLM) de quelques politicards bien lotis dans la capitale.
-Ils vont bien finir par donner signe de vie ou plutôt de mort, ces gens-là, c'est comme les abeilles... jamais loin de leur butin, jamais loin de leur ruche, en attendant si ça continue va falloir m'enfermer à double tour, à force de parler tout seul je vais finir schizo!
Dans la rue, le vrombissement des moteurs et les crissements en tout genre se mêlent aux coups de klaxon infernaux des constipés du volant, les nigauds en trottinettes qui feraient tout pour éviter les couloirs « dégueulasses » du métro.
-Il n'y a pas l'ombre d'un corbeau, on avait bien dit aux locataires d'arrêter les frais et de ne plus compléter les allocations exorbitantes de l'Etat et d'attendre...
Soudain, une lumière bleu dans la rue donne un peu de couleur à ce jour de putain de pluie, c'est celle des pompiers...l'agitation est à son comble, des enfants courent de toutes leurs forces, des femmes pleurent levant les yeux au ciel.
En face, au 3ème étage, une fumée noire s'échappe de la fenêtre donnant à la rue de Belleville des allures de guerre.
Après une première pensée instinctive, égoïste, darwinienne, le téléphone sonne...
-Allô Fouad ?! Ouais, je suis... Bon sang! Les charognards sont déjà là, ils croyaient peut-être que la banderole, c' était de la déco, ils avaient sûrement dans l'idée que tout va pour le mieux dans ce monde comme dans le pire des « envoyés spéciales »...Quoi? ça y est, t'as réussi à te tirer!
-ouais par le toit, t'as pas idée de ce que c'est que les centres de rétention..ils ont même quadriller les nuages avec leurs grilles à la con, ils m'ont proposé 300 eu pour rentrer au bled, alors que je fais les marchés depuis dix piges et gagne 3 fois plus par mois, c'est ici chez moi... plutôt crever que les laisser me chier dans la main!
-non, tu vas vivre mon pote, on se battra et on prendra les armes s'il le faut...leur « immigration choisie », leur « discrimination positive » et toutes leurs terminologies néo-fascisantes brûleront en même temps que leur simulacre de démocratie. Tous ceux qui n'ont plus rien d'autre à perdre que leur liberté seront les Atlas d'une si haute idée de l'humain qu'aucun homme ne pourra y planter un drapeau, viens Fouad, viens...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

et voilà, à monde absurde,acte absurde...je prends un peu de distance avec avec moi-même et trouve ce texte très très bof...mais bon!!!et vous?