dimanche 17 février 2008

La politique du grotesque

Le danger de la politique du grotesque réside essentiellement dans le rire grave, ce rire-là qui vous déchire un visage et vous arrache une grimace sitôt qu'il éclate au grand jour. La réalité brute vient d'un coup briser l'illusion, l'invraisemblable apparaît sous vos yeux et vous plie les genoux, l'assoiffé de pouvoir est prêt à tout pour vous faire rire pourvu que vous ne pensiez pas, vous le croyez fou et c'est un grand stratège, vous le croyez actif quand il n'est qu'agité, tout est fait, dit et envisagé pour vous mettre littéralement hors de vous dans le rire d'abord et la colère ensuite.
Le moindre de ses portraits est une caricature tant ses traits reflètent bien le grotesque du monde. Mais c'est au moment où nous nous réfugions dans ces espaces salvateurs du "hors-soi" que le pire survient. Dans ces moments-là, où la connerie politique nous prend à la gorge, il faut être extrêmement vigilant.
Il existe, cependant, un "rire de résistance", un rire intelligent qui nous ouvre les yeux et nous ravive la mémoire, celui- ci nous raconte qu'il n'est pas que mécanique, il est Bergsonien ("du mécanique plaqué sur du vivant")... du vivant qui pense et qui n'oublie rien!!!
Le temps passe mais le pouvoir et sa voracité demeure, les hommes qui suscitent le rire du peuple ne se doutent pas combien leur grotesque politique réveillent les consciences, ferment les poings et ouvrent les yeux...



"Cet homme ment comme les autres respirent. Il annonce une intention honnête, prenez garde ; il affirme, méfiez-vous ; il vous fait un serment, tremblez ! Machiavel a fait des petits. (Il) en est un. Annoncer une énormité dont le monde se récrie, la désavouer avec indignation, jurer ses grands dieux, se déclarer honnête homme, puis au moment où l'on se rassure et où l'on rit de l'énormité en question, l'exécuter."

"(Il) a réussi. Il a pour lui désormais l'argent, l'agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort, et tous ces hommes qui passent si facilement d'un bord à l'autre quand il n'y a à enjamber que la honte."

On peut bien se demander de qui il s'agit, au fond peu importe, il s'agit de tous ceux qui à travers l'histoire ont conduit un peuple au bord de la révolte au nom d'un empire bâti sur un complexe...
Mais, en l'occurence ces phrases sont tirés d'un texte de Victor Hugo: "Napoléon le petit" (1852)...vous avez dit "troublant"?

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