samedi 5 janvier 2008

Onfray bien de l'écouter un peu mieux

je sais bien ce que certains pensent déjà, oh...y'en a marre de l'entendre ce populo- philosophe...encore un utopiste révolutionnaire, un matérialiste hédoniste qui va nous servir sa soupe hedoniste libertaire...(quoique je pense que s'il sont sur ce blog c'est peut-être qu'ils n'ont pas encore atteint le point de constipation ultime)
Mais prenons le temps de le lire, de l'écouter, un mec qui a repris l'idée d'une "université populaire" ne peut pas être le dernier des cons, pour s'en convaincre, il suffit de rassembler tout ce qu'il reste en nous d'intelligence, d'envie de comprendre et de lire son analyse dans "la politique du rebelle"..avec l'esprit critique suffisant pour ne pas tomber dans l'adhésion totale et quasi fanatique...
Tout son discours sur ce nouveau rapport au temps "fragmenté", non plus linéaire comme en occident ni cyclique comme en Orient est primordiale...il met en garde contre une nouvelle ère où cette nouvelle géométrie du temps à laquelle le système éducatif (et je ne parle évidemment pas là des enseignants) prépare si mal...
Ensuite, je suis tout à fait d'accord avec le bonhomme lorsqu'il dit que la philosophie ne doit pas complexifier mais bien au contraire simplifier l'appréhension du monde...il dénonce un défaut d'intelligence dans la voie politique et reprend l'idée de Bourdieu sur la nécéssité d'un "intellectuel collectif", en effet, tout est là, la constipation de la pensée procède d'une pathétique foir aux égos.
On peut bien ricaner de son abstention aux présidentielles mais on ne peut décidément pas lui reprocher de ne pas avoir fait un travail de relai de l'information avant les élections...un laxatif homéopathique!
Il faut la formation d'une micro-résistance, d'une coordination des forces pour échapper à cete sempiternelle trahison des gros syndicats que l'on connaît bien, et faire en sorte qu'ils soient totalement dépassés par leurs bases!!!
Il y a quelque chose de profondément humain dans sa démarche, d'employer des mots qu'on trouve pas chez bhl, finkel ou chez d'autres plumes "bankable" qui n'ont de philosophe que le nom.
Il part de sa vie, certes, mais pour arriver au monde dans une approche tragico-philosophique, pour arriver à une pensée hédoniste descendu dans la rue, dans le kebab du coin, dans l'atention que l'on porte à l'autre nous sommes déjà dans le politique, dans l'éthique, dans une philosophie du quotidien (cf Chanfort: "jouir et faire jouir sans faire de mal à autrui, là est toute la morale").
Enfin, ce qu'il manque cruellement aujourd'hui plus que jamais ce sont de vrais espaces de discussion non pas réservés à une sorte d'élite dignes du "grand masturbateur" de Dali...mais des lieux, des supports où certaines brèves de comptoirs, écrasées (à la place désormais des mégots) sur tous les zincs du monde et dont l'intelligence peut être d'une fulgurance inouie, trouvent un écho dans un forum de penseurs et de discours enfin expulsés des doctrines.

1 commentaire:

Mathilde Papillon et Mickaël Dessalles a dit…

Je trouve vos remarques sur ce philosophe très pertinentes. Je pense que les critiques à son égard sont dues précisément à sa philosophie, à son engagement, à son indépendance, à sa façon de faire de la politique. La grande majorité sont loin d'avoir lu le nombre considérable d'ouvrages qu'il a publié. Je pense même que ça les fatigue, et qu'il n'ont pas le courage de l'attaquer sur le fond. On l'attaque sur des soit-disant approximation. J'aimerais qu'on arrête de le fustiger systématiquement et qu'on le lise. Quoi qu'il arrive se ne sera jamais du temps perdu que de le lire.

J'ai découvert Michel Onfray avec "Le Ventre des philosophes", je l'ai découvert un peu plus tard, l'été, sur France Culture et depuis je m'intéresse à son corpus et j'ai bien l'intention de le lire, de le relire, de le comprendre, de m'ouvrir à travers lui à tout un continent de la philosophie dont j'ignorais l'existence.